L’expo Chagall fascinante du Centre Pompidou

L'expo Chagall au Centre Pompidou à Paris

On connaissait les tableaux colorés et oniriques de Marc Chagall, le plus Français des peintres russes chéri des amateurs d’art moderne (et de Julia Roberts dans Coup de foudre à Notting Hill). Ce que l’on sait moins, c’est le rapport du peintre avec le spectacle, les arts et la matière, entretenu à New York pendant la Seconde Guerre mondiale puis à Paris, sa ville de cœur. Joie : le Centre Pompidou lui consacre l’exposition Chagall à l’œuvre - Dessins, céramiques et sculptures, 1945 - 1970, dont l’intitulé particulièrement complet ne rend pas tout à fait compte de la grande poésie. On a fait la visite.

 

L’oiseau de feu

Chagall au centre Pompidou

En 1945, Chagall est encore en exil à New York. Il vient de perdre sa femme adorée et n’arrive plus à peindre, à travailler la couleur. Au mois d’août, on lui demande en last minute (pour remplacer un travail mal exécuté) de réaliser une centaine de costumes et de décors pour une nouvelle production du ballet russe L’oiseau de feu. Les chorégraphies n’emballent pas franchement la presse, mais on reconnaît d’office la beauté esthétique apportée par le travail du peintre. La mise est sauvée !

Il faut dire que, pris d’une frénésie totale, celui qui a été formé à l’exercice de la peinture utilise sa grande technique au service d’une créativité hors norme. En témoignent les projets de rideaux grandioses et costumes colorés dont sont présentés les dessins. Notre préféré ? Une danseuse en jupon rouge et châle bleu qui ondule sous les projecteurs. Influencé par son parcours à travers le monde (les étoffes russes, les poupées kachinas découvertes au Mexique…), on sent que ce grand mélomane a été particulièrement inspiré par cette commande : le résultat est merveilleux.

 

Le plafond de l’Opéra Garnier 

le plafon de l'opéra Garnier au Centre Pompidou

Quand André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, propose à son ami Marc Chagall de réaliser le plafond de l’Opéra Garnier en 1962, il hésite. N’étant plus tout jeune, un tel projet l’effraie. Il accepte pourtant, tenté par l’idée d’une carte blanche sans aucun cahier des charges. On découvre à la suite de l’exposition sa façon de travailler avec des esquisses, à l’image d’un flip book dont on pourrait faire tourner les pages à toute vitesse (“Partez toujours de la tour Eiffel pour observer le reste évoluer autour !”, nous conseille la conservatrice Anne Montfort). 

Lui qui adorait la musique en profitera pour rendre hommage à ses compositeurs préférés : comment ne pas s’attarder des minutes entières devant le croquis final, pour admirer les détails de près : La Flûte enchantée de Mozart, Tristan & Isolde de Wagner ou encore Pelléas et Mélisande de Ravel se racontent dans un “rythme coloré” rouge, vert, jaune et bleu entre deux monuments parisiens… 

 

Chagall et la matière

Dernier sujet du triptyque de l’expo : un focus sur les oeuvres en 3D de Marc Chagall présentant un ensemble de céramiques, collages et sculptures réalisés entre les années 1950 et 1970, le tout appuyé par un documentaire passionnant signé Lauro Venturi, Oscar du meilleur court métrage documentaire en 1963. Une fois revenu en France après la guerre, Chagall se passionne pour la céramique et la sculpture qu’il travaille dans des ateliers en Provence. On découvre dans cette partie ce qui semble retenir la part d’enfance de l’artiste (et réveiller la nôtre !) qui s’amuse à jouer avec les matériaux, coller des tissus sur papier comme un moodboard et faire intervenir des chèvres et des clowns sur ses créations…

Chagall à l’œuvre - Dessins, céramiques et sculptures, 1945 - 1970, jusqu’au 26 février 2024 au Centre Pompidou (Galerie ouest, niveau 4. Plein tarif 15 €

 

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