La Cinémathèque française célèbre Agnès Varda

L'expo Agnès Varda à la cinémathèque

De grosses lunettes rondes et une coupe au bol roux et blanc. Vous l’imaginez déjà : Agnès Varda ! La Cinémathèque française consacre l’immense rétrospective Viva Varda sur la vie et la personnalité de la cinéaste, photographe, plasticienne et féministe française. L’occasion de comprendre pourquoi cette figure de la Nouvelle Vague déclenche une telle hype.

 

Portraits d’une époque

Un immense portrait coloré d’Agnès Varda, avec un chat dans les bras, accueille les visiteurs de la Cinémathèque. Ce n’est pas la réalisatrice qui a pris cette photo, mais elle aurait pu puisqu’Agnès Varda était avant tout une photographe professionnelle. En parallèle de ses commandes, elle brosse son portrait et celui des autres. Des dizaines de ses photographies sont exposées, sur lesquelles ses modèles sont mis en scène, notamment une série de 12 autoportraits d’elle enceinte et nue datant de 1958. Des images particulièrement rares.

C’est d’ailleurs la photographie qui a réuni Agnès Varda et JR, un duo comique et improbable entre la cinéaste de 88 ans et l’artiste de 34 ans. De cette passion commune, est née un road trip dans la campagne française et le documentaire dédié Visages villages, témoin de leur grande complicité et le dernier grand projet d’Agnès Varda avant son décès en 2019.

 

La papesse de la Nouvelle Vague 

Le mouvement de la Nouvelle Vague serait né avec À bout de souffle de Jean-Luc Godard en 1960, mais l’exposition nous apprend que bien avant ce film, il y avait Agnès Varda et sa Pointe courte (1955) dans lequel elle anticipe déjà des concepts de la Nouvelle Vague : autoproduire son film, embaucher des acteurs débutants ou non-professionnels et tourner dans un décor naturel. La cinéaste le dit elle-même : “J’étais peut-être l’une des premières à dire qu’il fallait tourner pas cher, vite, en toute liberté d’expression, et essayer de casser un petit peu le réalisme des films de l’époque”. C’est cette envie de “cinéma libre” qui la propulse au sein de la bande des Cahiers du cinéma formée notamment par François Truffaut et Jean-Luc Godard, un petit groupe dont Agnès Varda était la seule femme.

 

Une militante tout-terrain

Une photographie particulière retient notre attention : Gisèle Halimi, Delphine Seyrig et Agnès Varda sont réunies, mais ce n’est pas pour un tournage. En 1972, ces trois féministes participent à une manifestation organisée par le Mouvement de Libération des Femmes lors du procès mythique de Bobigny. Ce cliché révèle l’engagement de Varda qui transperce également dans sa filmographie : elle crée des personnages féminins complexes et indépendants sentimentalement, quand l’émancipation de la femme est le sujet principal de De l’une chante, l’autre pas. Considérée comme l’une des pionnières du féminisme, Agnès Varda est invitée par le Collectif 50/50 à la montée des marches du Festival de Cannes 2018 pour dénoncer publiquement les inégalités dans l’industrie du cinéma aux côtés de 81 femmes cinéastes. Un moment historique gravé dans l’histoire du cinéma à l’ère #MeToo.

Viva Varda !, jusqu’au 28 janvier 2024 à la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, Paris 12e. Musée ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 12h à 19h. Billets à partir de 13 €. Infos et réservations en ligne.

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