Les romans à glisser absolument dans sa valise

Livres Ete

Un bon thriller addictif, une réflexion sur les premiers ébats amoureux, une délicieuse partition emprunte de vengeance, un tableau de mœurs féminines ultra-moderne… Il y a de quoi occuper ses journées ensoleillées. Les pépites littéraires de l’été à emporter dans sa valise, c’est par ici que ça se passe.

Un thriller à la chute inattendue

Le bon bouquin : L'été où Élodie de Kate Riordan.

Le pitch. Direction la Provence, où les cigales chantent fort, les fantômes du passé se dorent la pilule au bord de la piscine et où la canicule accable même les plus habitués. Au cœur d’un été étouffant, marqué par des incendies d’une violence inhabituelle, Sylvie Durand est contrainte de retourner dans sa maison sudiste, La Rêverie, dans laquelle elle n’a pas mis les pieds depuis près d’une décennie. Accompagnée de sa fille cadette, Emma, elle va devoir affronter un passé laissé volontairement derrière elle.

Alors que les souvenirs des évènements qui ont brisé sa famille menacent de remonter à la surface, Sylvie tente à tout prix de cacher à Emma ce qu’il s’est réellement passé cet été-là. Mais le fantôme d’Élodie, sa fille venue au monde dans la tourmente de mai 68 et disparue mystérieusement à tout juste quatorze ans, a pris possession de chaque recoin de la maison. Avec talent, Kate Riordan intensifie le suspense à mesure que les incendies gagnent du terrain. Une tension psychologique habilement amenée.

Pour qui ? Toutes lectrices férues de thriller et en quête d’un bon roman addictif. Alternant brillamment entre passé et présent, Kate Riordan tisse un page-turner captivant qui renouvelle le genre du roman d’été et interroge l’évidence supposée du lien maternel. Entre le lien complexe qui l’unissait à Élodie, enfant vraiment pas comme les autres, et la relation saine qu’elle tente de bâtir avec sa fille cadette, Sylvie plonge dans une solitude intense dont elle a du mal à se sortir. Univers qu’on a du mal à laisser derrière soit une fois terminé.

Le roman choral ultra-poétique

Le bon bouquin : 555 d’Hélène Gestern.

Le pitch. Ce livre se lit comme une partition ouverte d’où s’écoulent des notes de musique toutes plus délicates les unes que les autres. 555, c’est le nombre de sonates pour clavier au répertoire du compositeur virtuose Domenico Scarlatti. Mais, lorsque Grégoire Coblence découvre une ancienne partition dissimulée dans la doublure d’un étui à violoncelle qu’il restaure, ses certitudes partent en fumée. La disparition mystérieuse de cette dernière amène un vent de mensonges, de trahisons, de doutes et de peur.

Dans ce roman choral dont la musique semble être le personnage principal, cinq narrateurs prennent la parole et déroulent leur lien avec ce compositeur de génie. Tous ces personnages se retrouvent dans l’amour d’une musique qui les transcende et partent en quête de cet objet dérobé. Reste, évidemment, une sixième voix qui apparaît régulièrement, anonyme et avide de vengeance, laissant brillamment le lecteur sans voix jusqu’à la dernière page.

Pour qui ? Toutes personnes voulant dévorer un bon roman policier, qui mêle poésie et musique avec finesse. Le must ? Contrairement aux enquêtes plus classiques, celle-ci ne ramène pas à une réalité inchangée. Chaque personnage retrouve un chemin nouveau, lui permettant de se réinventer pleinement. Romancière de l’investigation, habituée de ces objets oubliés dont elle déroule l’histoire, Hélène Gestern mélange fiction et touches autobiographiques avec justesse et crée ainsi un univers bien particulier dans lequel on se sent bien.

Le bijou d’émotions et de nostalgie

Le bon bouquin : Lovesong de Jane Sanderson.

Le pitch. Tout commence à Sheffield en 1978, alors qu’Alison et Daniel se déhanchent sur Pump It Up. Cette musique marque le début d’une grande histoire d’amour qui se terminera soudainement moins d’un an plus tard par la fuite mystérieuse de la jeune femme. 30 ans plus tard, Alison est devenue Ali, une écrivaine à succès établie en Australie avec sa famille. Daniel est Dan, un critique de musique vivant à Édimbourg entouré de sa femme et de son fils.

Il suffit d’un message, d’une prise de contact pour que débute un échange musical. Ali et Dan s’envoient des morceaux, des vieux, des nouveaux, par-delà les océans et une vie entière d’expériences différentes. Ce premier amour se déroule au fil de chansons et d’une époque à l’autre, laissant entrevoir ce qu’un premier amour a d’éternel. Lorsque Dan brise la boucle et lui pose une question, tout bascule. Parfois, la musique en dit tellement plus que quelques mots même bien choisis…

Pour qui ? Pour tous lecteurs nostalgiques de ses premiers ébats amoureux. Jane Sanderson brille par son écriture fluide et riche en émotions. Cette histoire dessine avec justesse nos relations modernes et interroge la possibilité d’une seconde chance. Ancré dans la nostalgie du premier amour, Lovesong pose la plus grande question de toutes : et si “ce qui aurait pu être” restait encore à venir ? La force évidente de la musique comme langage commun dans ce récit pousse à réflexion. Ultime cadeau : la playlist des tourtereaux peut être scannée au début du roman pour une lecture encore plus immersive.

Les affinités sélectives - J.Courtney Sullivan

Le bon bouquin : Les affinités sélectives de J.Courtney Sullivan.

Le pitch. Après 20 ans de vie à New York, Elisabeth, brillante journaliste, s’installe dans une petite ville américaine. Si les débuts sont compliqués, c’est sans compter sur l’aide de Sam, étudiante venue prêter main forte à la jeune mère pour s’occuper de son bébé. Ce récit est celui de leur amitié, chacune convoitant chez l’autre la possibilité d’une vie différente. Mais quand Sam se rapproche du beau-père d’Elisabeth, les divergences entre leurs vies se font plus saillantes. Sam fait-elle vraiment partie de la famille, comme Elisabeth s’évertue à le lui répéter ?

Le gros plus ? Le personnage du beau-père, extrêmement attachant, qui illustre à merveille cette théorie selon laquelle notre système sociétal, d’apparence bon, se révèle assez creux et laisse ses habitants sans filet de sécurité. Un concept qui n'a jamais été aussi évident que pendant la pandémie. J.Courtney Sullivan signe ici un drame humain au rythme lent, une comédie de mœurs à la fois drôle et incisive qui décortique les dynamiques de pouvoir et de privilèges dans le microcosme d’une petite ville américaine.

Pour qui ? Toutes lectrices en quête d’un récit inspirant sur des destins de femmes du quotidien. En conteuse avisée, l’auteure à une formidable capacité à explorer les relations humaines et détaille avec brio ce qui fait la complexité de la féminité, ce qui est dit et ce qui est tu. En toile de fond, des sujets d’actualité abordés avec juste ce qu’il faut de distance : fraude à la fécondité, justice, maternité, éducation des enfants, la place de l'homme au sein de la famille… La limite de l’histoire réside dans le milieu privilégié dans lequel elle s’inscrit, ne décrivant ainsi qu’une facette mince de la vie moderne.


Le récit puissant, loin des sentiers battus

Le bon bouquin : Je suis une île de Tamsi Calidas

Le pitch. L’espace et la solitude sont des luxes auxquels beaucoup aspirent. C’est ce que cherche Tamsi Calidas lorsque, accompagnée de son mari, elle quitte Londres pour une île des Hébrides. Cette nouvelle vie s'annonce idyllique, pleine de sens. Ils ont des projets : une petite ferme prospère, une famille à fonder, des amis… Mais le couple ne peut avoir d’enfant et leur mariage sombre lentement, plongeant la jeune femme dans un isolement certain.

Au cœur de cet archipel d'Écosse, la nature peut se faire hostile et, pour une femme seule, il est difficile d'y trouver sa place. Au rythme des saisons tumultueuses qui balaient la mer du Nord, l’auteure conte son parcours et ses nombreuses désillusions. Entre l’isolement et l’exil, la limite est mince et Tamsi va rapidement en faire l’expérience…

Pour qui ? Les lectrices en quête d’un récit de vie édifiant qui pousse à réflexion. Sans pathos et avec tendresse, l’auteure dresse le portrait de son évolution psychologique, parle de la quête d'un endroit où être pleinement soi. Profondément poétique et émouvant, ce récit aborde la formidable capacité de la nature à apaiser nos troubles et incertitudes. Un livre étonnant sur la solitude, l'amitié, la résilience et la découverte de soi dans lequel elle aborde des sujets ultra-actuels : stérilité, échec du mariage, ostracisme, sexisme, racisme... Le must ? Chaque chapitre est accompagné d'une photo en noir et blanc qui permet de s'imprégner du décor incroyable que l'auteure déploie, rendant le récit plus immersif.

Découvrez aussi : le livre dont tout le monde parle sur la fast fashion et la prescription littéraire de la rédac.

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