Aurélie Dupont : qui est vraiment la directrice du ballet de l’Opéra de Paris ?

Portrait d'Aurelie Dupont

Elle possède un talent inouï. Par son style, sa beauté, son indépendance, son énergie, sa grâce naturelle, Aurélie Dupont est l’étoile des Parisiennes… En succédant à Benjamin Millepied comme directrice du Ballet, l’enfant chérie de l’Opéra de Paris confirme son histoire d’amour et créative exceptionnelle avec Garnier. A l’occasion des podcasts Chanel et colette, nous avons assisté à une rencontre exceptionnelle avec la danseuse la plus marquante de sa génération.

Elle n’a jamais quitté l’Opéra de Paris. Elle est entrée à l’école du ballet à 10 ans, a intégré le corps du ballet, pris sa retraite… avant de revenir il y a 2 ans en tant que nouvelle directrice du ballet de l’Opéra de Paris. “J’ai même fait une gamme de bijoux que j’ai vendue dans la boutique de l’opéra, et j’ai adoré ça !

Elle a complètement paniqué en devenant danseuse étoile. C’était en 1998, Aurélie Dupont est nommée étoile, à l’issue de la représentation de Don Quichotte de Rudolf Noureev. “Je suis très exigeante envers moi-même. Ça m’a fait très plaisir, mais je ne me sentais pas du tout à la hauteur. J’en ai profité plus tard”.

Elle a été une des premières à dénoncer les violences des professeurs à l’école de danse. A 18 ans, Aurélie Dupont n’hésite pas à critiquer publiquement l'école de danse - non pas pour son enseignement qu’elle salue - mais pour la méchanceté gratuite de certains professeurs auprès des jeunes élèves. “Il y a des choses qui se passaient qui ne se passeraient plus, d’autant que je suis leur directrice !”.

Elle a voulu larguer un chorégraphe.Je ne peux pas vous dire qui c’est, mais j’ai travaillé avec un chorégraphe très gentil, un homme super, doux, accessible. Il voulait créer sur moi, je ne pouvais pas dire non. Un calvaire ! Tous les pas qu’il me proposait… C’était comme goûter un aliment qui n’est pas bon ! Mon corps n’y arrivait pas. A tel point que je suis allée voir la directrice de l’époque pour lui demander de me retirer. Elle m’a dit non : “Il t’adore : il te veux absolument à la première”. J’ai dû rester, c’était affreux”.

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© Aurelie Dupont et Francois Alu, lors de la première de « Daphnise et Chloe », en mai 2014, à l’Opéra Bastille. / MARTIN BUREAU/AFP

Elle ne biberonne pas ses kids à la culture.Mis à part l’amour que je donne à mes deux enfants qui est sans limite, je ne fais absolument rien pour leur créativité ! Je trouve que la créativité vient quand on a assez peu de connaissances. Je préfère les laisser imaginer et aller dans n'importe quelle direction parce que, justement, n'importe quelle direction, c’est ça la créativité !

Elle a toujours eu le trac. “Même pour ma première représentation. J’avais 10 ans, pour le défilé du corps de ballet, un rituel créé par Serge Lifar. C’est une sorte de démarche solennelle où toute l’école de danse défile sur scène avec le foyer ouvert, en rang et on va jusqu'au danseur étoile le plus âgé. C’est la première fois que j’étais avec tout le corp de ballet. J’avais un trac... et je l’ai toujours !”.

Elle s’est tapé un fou rire honteux sur scène.C’était au cours de la représentation d’un ballet de Preljocaj. On était 3 couples, tous étoiles, en scène. On a eu un fou rire qui a duré vraiment longtemps… Nos maquillages coulaient… Mon partenaire s’essuyait sur ma robe pour voir quelque chose. La catastrophe. On s’est fait engueuler comme des enfants”.

Elle est deg’ de ne plus danser à l’Opéra de Paris. C’est un déchirement de ne plus danser sur la scène de Garnier. L’âge de la retraite des danseurs est de 42 ans. C’est triste,  mais il faut laisser le poste à d’autres. Sinon, il y a des bouchons et il faut laisser les talents émerger... Je danse ailleurs, à New York. Maintenant que je suis la directrice, je ne peux pas dire “Poussez-vous, j’arrive !”, c’est une question de respect. Néanmoins, je danserai à nouveau en septembre à l’Opéra un solo de Martin Graham…”.

Façade de l'Academie Nationale de la musique

Elle assume de ne pas forcer.Trop apprendre, trop connaître, trop aller vers les choses vous empêche d’avoir votre propre opinion et votre propre imaginaire. Il faut assumer parfois de ne pas avoir vu telle expo, sous prétexte qu’il faudrait le faire…”.

Elle a besoin d’une seule minute pour repérer un futur danseur. Les enfants arrivent vers 10h à l’école du ballet. “On voit immédiatement le talent. Tout de suite. Il me faut moins d’une minute. A leur port de tête, l’allure, les capacités physiques... Ce qu’on ne voit pas, ça se révèle plus tard, s’ils sont intelligents… Une autre qualité pour un grand danseur.

Il m’arrive de voir dans la rue des enfants... Ça se voit qu’ils sont faits pour ça ! Je le dis à leurs parents, mais ça n’a jamais marché…! (rires) La dernière fois que j’ai abordé des parents à New York, la maman était flattée. Mais la gamine lui a répondu “Mais maman, je déteste la danse !”.

 

Découvrez aussi l'interview de la danseuse étoile Juliette Gernez.

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