Littérature : quand les actrices s’y mettent ça donne quoi ?

Actrice Ecrivain

C’est le nouveau dada des actrices en vogue : Aure Atika, Isabelle Carré, Isild le Bescot, Jocelyne Desverchère… toutes ont lâché pour un temps la scène et les caméras pour s’adonner à l’écriture. Du récit personnel à la fiction en passant par des nouvelles illustrées, que penser des œuvres de ces apprenties écrivains ? Verdict.

Isabelle Carré émouvante dans son premier roman

isabelle carré livre actrice

Elle a scotché tout le monde avec son premier roman : Les rêveurs chez Grasset. Avec déjà plus de 60 000 exemplaires vendus et un grand prix RTL-lire en poche, Isabelle Carré entre dans la cour des grands. Et ce succès n’est pas volé. Dans un récit écrit tout en finesse, l’actrice césarisée livre des souvenirs douloureux de sa jeunesse : dans les années soixante-dix, la petite Isabelle grandit dans une famille de rêveurs un peu déglinguée, avec une mère fragile psychologiquement et un père longtemps dans le déni de son homosexualité. Les turbulences de son adolescence la mèneront à une tentative de suicide puis à l’hôpital psychiatrique. Pour caresser l’idée d’un monde plus doux, la future actrice se passionne pour la danse, mais le théâtre la rattrape vite : la scène lui apprendra à sortir de son mal-être et de ses fragilités de jeune fille un peu bancale. Avec une écriture remplie de grâce, la comédienne actuellement à l’affiche de la pièce Baby au Théâtre de l’Atelier, nous apprend que les épreuves de la vie nous construisent, souvent pour le meilleur. Un livre thérapeutique tant pour l’auteur que pour le lecteur. On attend déjà le prochain !

Les rêveurs, Grasset, 20 €.

Isild le Bescot hypnotisante dans son ovni littéraire

isild le bescot livre actrice

On connaissait la sœur de Maïwenn pour ses talents d’actrice, de réalisatrice et même de dessinatrice, on la redécouvre dans une pièce littéraire indéfinissable : S’aimer quand même chez Grasset. Entre nouvelles hybrides, dialogues courts et incisifs, dessins et journal intime écrit à la main et en anglais, le roman inclassable d’Isild le Bescot nous emmène dans un voyage de l’intime. Le livre évoque des fragments de vie de personnages féminins, réels ou sortis de l’imagination de l’actrice qui évoluent aux quatre coins du monde. Tous peinent à aimer ce qu’ils sont : celle qui se sent femme dans un corps d’homme, celle qui doit réapprendre à se regarder dans le miroir après avoir été attaquée à l’acide… Derrière ses personnages et dans les thèmes abordés (comme ces deux chapitres sur les liens entre sœurs), on peut déceler dans une plume singulière et parfois naïve une Isild le Bescot au passé tourmenté qui se dévoile discrètement. Et comme si ça ne suffisait pas, cette touche-à-tout a mis en scène un spectacle entre théâtre et danse inspiré de quelques pages de son livre avec Elodie Bouchez, Lolita Chammah, Capucine Goust et Tran Nu Yên-Khê : 70 heures pour s’aimer quand même (jusqu’au 5 avril).

S’aimer quand même, Grasset, 18 €.

Jocelyne Desverchère lumineuse dans un roman triste

jocelyne desverchere livre actrice

"Ceci n’est pas un conte pour enfants". Jocelyne Desverchère nous prévient dès la quatrième de couverture de son deuxième récit : non, ce petit livre de 120 pages ne vous donnera pas la banane. Car dans son roman, l’actrice connue pour avoir joué dans plusieurs films de Brigitte Sy dont L’Astragale (2015), n’y va pas de main morte dans le glauque. Intégrée dans le cercle très fermé des auteurs des éditions P.O.L. depuis son premier roman Première à éclairer la nuit en 2016, Jocelyne Desverchère revient dans la littérature avec l’histoire de Simon, un petit garçon plutôt heureux de six ans, qui pense déjà comme un adulte. Le jour où sa mère se suicide après avoir appris que son mari la trompait, Simon est envoyé chez un couple de paysans, il est vite séduit par leur tendresse bourrue. Alors le jour où ses grand-parents maternels cherchent à le récupérer, Simon s’échappe jusqu’à se mettre lui-même en danger. Avec une écriture scénaristique fine, brève et efficace, Jocelyne Desverchère réussit le tour de force de rendre ce roman tragique lumineux et sensible. On en redemande.

Simon, P.O.L, 9 €.

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