Grand froid et longues soirées d’hiver obligent, on rêve d’un bon bouquin addictif qu’on ne voudra lâcher sous aucun prétexte. Notre short list des trois petits chefs-d'œuvre à lire avec bonheur.
Le roman puissant
Le bon livre : Le passeur de Stephanie Coste chez Gallimard (12,50 €).
Le pitch. En quelques années, Seyoum est devenu l’un des plus gros chefs du réseau criminel lybien qui orchestre le trafic de migrants sur la Méditerranée. Échappé de la dictature en Erythrée, sans attache, ni amis, ce dealeur d’âmes humaines soigne son mal de vivre chaque soir shooté au khat et au gin… Jusqu’au jour où il retombe sur son premier amour perdu dans les camps. Qui est vraiment le bourreau de Tripoli ? Des flash-backs de sa jeunesse dorée dans l'intelligentsia érythréenne au cauchemar du monde des passeurs : que s’est-il vraiment passé ?
Pourquoi vous allez adorer. Comment un jeune garçon bienveillant et amoureux, à fortiori fils d’un ministre progressiste, devient-il un cynique qui a fait de l'espoir son fond de commerce ? C’est la question que pose Stéphanie Coste avec ce premier roman captivant et merveilleusement rythmé en infiltrant le cerveau d’un homme-bourreau, avec le même genre de dispositif littéraire qu’Olivier Guez dans La Disparition de Josef Mengele, médecin en chef d’Auschwitz. Rien ne disposait le jeune Seyoum à être happé par l’horreur si ce n’est la folie géopolitique, véritable tragédie du continent africain. C’est là que le romanesque intervient. L’amour peut-il sauver un homme ? C’est toute la question de ce véritable bijou qui n’a évidemment pas échappé à la sélection du jury du Prix de la Closerie des Lilas. Bref : on attend le second tome avec impatience !
Le biopic d’une icône new-yorkaise
Le bon livre : Belle Greene d’Alexandra Lapierre chez Flammarion (22,90 €).
Le pitch. New York, dans les années 1900. Une jeune fille passionnée de livres rares se joue du destin et gravit tous les échelons jusqu’à devenir la directrice et conservatrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan. Belle da Costa Greene, “Belle Greene” pour les intimes, s’affiche comme la coqueluche de l’aristocratie internationale. Mais en réalité, cette femme puissante qui boit, sort et collectionne les amants triche. Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner toutes les têtes cache un terrible secret… Elle est afro-américaine mais a décidé de le cacher à tout prix.
Pourquoi vous allez adorer. Belle sera la femme la mieux payée de l’Amérique et a fait un pacte avec les siens : ne jamais avoir d’enfant pour que son origine reste insoupçonnée et sa réputation inébranlable. C’est le destin d’une avant-gardiste, éprise de liberté, qui refuse de se laisser définir par sa filiation dans une Amérique ségrégationniste que nous peint ici l’auteure à succès Alexandra Lapierre et qui fait inévitablement référence au chef-d'œuvre de Philippe Roth : La tache. Empowerment, déterminisme, racisme : cette biographie fait résonner toutes les problématiques de l’époque en nous transportant dans la frénésie des années 20 et 30.
Le portrait intime de la plus grande impressionniste française
Le bon livre : Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot de Mika Biermann chez Anacharsis (12 €).
Le pitch. C’est l’été. Berthe Morisot, peintre impressionniste, et son mari Eugène Manet (frère d’Edouard), quittent Paris pour une partie de campagne. Le couple pose valises et chevalets dans une maison champêtre, havre d’une douceur estivale propice à toutes sortes d’expérimentations nocturnes… Sensualité et éveil du désir à la clé.
Pourquoi vous allez adorer. Un an après le succès en librairie du petit bijou de l’Allemand Mika Biermann Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, l’auteur se faufile dans l’intimité de Berthe Morisot comme si vous étiez une petite souris dans sa vie. C’est bien simple, dans ce roman, on se croirait infiltré dans un chef-d'œuvre du musée d’Orsay pour découvrir ce qui se trame derrière la porte de la chambre à coucher. Les amateurs de style, d’une écriture presque proustienne seront en extase devant ce petit texte hyper sexy, fluide, presque érotique, divinement écrit par ce professeur d’histoire de l’art. Car si Berthe a l’occasion de peindre des nus, son intimité est bien différente et l’été échauffe les désirs de cette jeune femme plus sensuelle qu’il n’y parait.
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