Plongée dans le monde fantastique de Paolo Roversi au Palais Galliera 

Tami, Dior AH 1949, Paris, 2016 © Paolo Roversi - Lida et Alexandra, Alberta Ferretti, Paris, 1998 © Paolo Roversi - Sihana Shalaj, Comme des Garçons, Paris, 2023 © Paolo Roversi

Vous avez forcément déjà aperçu l’un des incroyables portraits de mode de Paolo Roversi, le photographe italien qui, depuis près de 50 ans, travaille avec les plus grands top-modèles, magazines de mode et designers. Le Palais Galliera dévoile une sublime monographie dédiée à ce génie de la photo : une première en France, qui embarque le visiteur dans son univers fantastique.

 

Des clichés iconiques exposés pour la première fois

Depuis ses débuts, Paolo Roversi a conservé toutes ses photographies, même les ratées. Sylvie Lécallier, commissaire de l’exposition, a pioché 140 œuvres parmi ces incroyables archives : images inédites, tirages Polaroid, magazines ou catalogues. Tout commence par sa première photo prise à 10 ans : un tirage de sa grande sœur en tenue de bal dans laquelle il donne déjà de l’importance au modèle et au vêtement. “Je suis un artisan. J’interprète les robes comme un musicien interprète une partition”, nous explique l’artiste italien en présentant l'exposition. Il joue du Dior, du Comme des Garçons ou encore du Yohji Yamamoto, bref, Paolo Roversi est un photographe de mode assumé, raffolant des vêtements et des mannequins. Pour cette raison, il présente ses clichés comme deux portraits : celui du vêtement et celui du modèle.

Et quelles muses ! Kate Moss, Natalia Vodianova, Naomi Campbell, Guinevere van Seenus, Amber Valletta, Inès de la Fressange ont toutes posé devant l’objectif de Paolo Roversi, souvent nues comme en témoigne sa série des Nudi. Roversi interroge le corps des mannequins en les faisant poser de la même façon : devant un fond blanc, de face, en pied, entièrement nue et sans aucun artifice. Elles sont naturelles, impressionnantes et surtout uniques. 

 

L’artisan des lumières

Il faut ressentir la lumière”, prévient Paolo Roversi avec passion. Le maître sait comment contrôler la lumière pour capturer ses portraits uniques, reconnaissables entre tous. Il a d’abord travaillé dans la chambre noire de son studio, coupé de la lumière du jour par d’immenses rideaux. Le parcours de l’exposition commence de la même façon avec les photographies prises dans cette chambre noire - à l’instar du catalogue de la collection hiver 1985-1986 de Yohji Yamamoto -, puis des clichés pris avec un Polaroid à la lumière d’une lampe torche, un procédé qui deviendra sa signature. Le résultat ? Un monde d’obscurité et de lumière dans lequel les visages sont imperceptibles, presque évanescents, et se dissolvent dans le noir ou le blanc.

Paolo Roversi ne cesse de se renouveler, laissant la lumière naturelle entrer progressivement dans ses œuvres. Fortement inspiré par celles de Nadar, Roversi recrée les mêmes codes du photographe français, travaillant désormais sous d’immenses verrières dans un studio baigné par la lumière du jour. Avec cette nouvelle technique, ses modèles en deviennent fantomatiques, comme ceux de Nadar, comme s’ils venaient d’un autre monde à l’image du grand portrait Natalia (2003). En dévoilant tous ces portraits, le Palais Galliera nous embarque dans la dimension fantastique de Paolo Roversi le temps d’un voyage poétique immanquable.

Paolo Roversi jusqu’au 14 juillet au Palais Galliera. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne jusqu’à 21h les jeudis.

Molly, Chanel, Vogue Italia, Paris, 2015 © Paolo Roversi

Anna, Comme des Garçons, Tokyo 2016 © Paolo Roversi

Natalia, Paris, 2003 © Paolo Roversi

Et toujours...

C’est l'effervescence à Paris ! Du 26 juillet au 11 août 2024, la capitale accueillera la 132e édition des Jeux Olympiques et Paralympiques et, donc, les plus grands athlètes du monde entier. Inscrite dans la programmation de l’Olympiade Culturelle Paris 2024, la dernière exposition du Palais Galliera, La mode en mouvement, retrace justement l'histoire de la mode sportive” du XVIIIe siècle à nos jours, tout en explorant la relation entre le vêtement et l’émancipation du corps féminin. Des premières tenues amazones jusqu’au maillot des Bleus, on court percer les secrets de la mode faite pour transpirer !

 

Un mode affranchie pour des corps en mouvement

Plongé·e·s dans un clair-obscur intimiste et minimaliste, on embarque pour un fascinant voyage dans le temps présentant près de 200 pièces dédiées à l'activité physique et plus généralement à la libération du corps féminin. Avec une belle part laissée à la démocratisation du sport au féminin, on fera la connaissance de la Princesse Murat, cavalière hors pair au sein de l'aristocratie du XIVe siècle, avant de s’amuser du scandale du premier bikini par Jacques Heim et d’admirer les combinaisons Courrèges vintage pour les sports d’Hiver.

La mode en mouvement interroge ainsi la spécialisation du vêtement sportif, l'adaptation des tenues féminines pour les activités physiques, l'évolution de la mode féminine vers une esthétique plus masculine, et même l'introduction du sportswear dans le vestiaire moderne. Des tenues de cycliste en passant par les ensembles de tennis, les cours d’escrime et les sneakers, chaque pièce emblématique présentée illustre ainsi l'évolution des mentalités et des canons de beauté à travers l'activité physique.

 

Des pièces d’exception à découvrir en 3 temps

Afin d’enrichir sa collection, le Palais Galliera a eu le privilège de recevoir des prêts exceptionnels du Musée national du Sport de Nice, de la Bibliothèque Forney de Paris, du Patrimoine Chanel, de la collection Emile Hermès ainsi que des maisons Sonia Rykiel et Yohji Yamamoto. Pour conserver au mieux ces trésors d’archives, cette exposition monumentale sera présentée en trois accrochages successifs jusqu’en 2025, avec des périodes de fermeture de cinq semaines, offrant chaque fois un renouveau de l’expo à redécouvrir encore et encore.

Palais Galliera, musée de la Mode de Paris, 10 Avenue Pierre Ier de Serbie, Paris 16e. Du 16 juin 2023 jusqu’au 7 septembre 2025. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h et en nocturne les jeudis jusqu’à 21h. Réservations en ligne.

© Peter Knapp © Pierre Antoine, © Palais Galliera

Découvrir aussi une icône de la mode à la MEP et les meilleurs opéras et ballets à booker pour la saison 2024.

Autres suggestions

La semaine de Do It