Sous ses airs faussement sages, la période du cinéma muet dans les années folles était le théâtre d’une débauche absolue centralisée autour d’Hollywood, laissant bientôt place à la l’ère révolutionnaire du cinéma parlant.
Entre orgies, gossips et dramas, cette époque charnière se cristallise dans Babylon, le dernier film extraordinaire de Damien Chazelle. Oscarisé pour ses masterpieces La La Land et Whiplash, le réal’ franco-américain s’est offert Brad Pitt et Margot Robbie en têtes d’affiche. Notre review.
Portrait d’une époque
À l’instar de Once upon a time… in Hollywood de Tarantino (dans lequel Brad et Margot crevaient déjà l’écran), Babylon, inspiré du roman Hollywood Babylone de Kenneth Anger, pose le contexte de la transition du muet au parlant. Damien Chazelle décide ici de mettre en lumière les drames qu’elle a pu impliquer : artistes largués, suicides, gros sous, manipulations… Mais pas que !
Prétexte aux scènes les plus drôles du film, l’organisation hautement bordélique des plateaux est racontée pour en démontrer son burlesque, appuyée par une de ces musiques frénétiques qui vous filent un coup de stress : exploitation des figurants poussés à bout pour des clopinettes, tournages qui s’enchaînent de façon schizophrénique, carrières soumises à la plume acide de journalistes mondains, racisme ordinaire, sexisme évidemment… On sent que le réal’ tient à dénoncer l’envers du décor, sans pour autant cacher sa fascination évidente.
Orgie, luxure et éléphant
La scène d’ouverture, ébouriffante, plonge le spectateur dans une fête dantesque organisée par un producteur dans sa mansion plantée au milieu du désert. On y fait venir (tant bien que mal) un éléphant pour la distraction, on y fait l’amour dans tous les coins, on plonge sa tête dans des saladiers de cocaïne et on s’y fait repérer par les grands noms du cinoche. Ça vous botte ? Gare à la gueule de bois…
Un casting de rêve
Toujours aussi parfait, à la fois drôle et terriblement drama, Brad Pitt incarne une star du cinéma sur le déclin, ringardisé par le temps qui passe, qui enchaîne les épouses sans grande conviction et qui est surtout passionné par son métier, toute sa vie. On lui oppose Margot Robbie, une jolie plante mal dégrossie tout droit débarquée du New Jersey. Si son sex-appeal et son jeu d’actrice lui offrent rapidement une place, elle peine à trouver la sienne dans un milieu bourgeois lapidaire qui détruit les arrivistes comme on prend son petit déjeuner.
Mais la révélation de Babylon, c’est sans conteste Diego Calva, ce jeune acteur sublime dans le rôle de Manny, un Mexicain hyper débrouille qui sauve les coups pendant les tournages et sert surtout d’observateur de ce petit monde aussi fou que toxique.
En salles le 18 janvier
© Scott Garfield
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