Après Le Serpent sur Netflix avec Tahar Rahim, la nouvelle saison d'Hippocrate sur Canal ou encore la sortie sur Arte de Baghdad Central, considéré comme le nouveau Homeland : gros buzz dans le printemps de séries ! Joss Whedon, créateur de Buffy débarque cette semaine sur OCS avec une nouvelle fiction star. Décyptage.
The Nevers
Si vous avez aimé… Buffy contre les vampires, Angel et Avengers par le même créateur mythique de la pop culture Joss Whedon.
Le pitch. Londres, 1896. À la suite d’une sorte d’étrange éclipse, des femmes et quelques hommes se retrouvent dotés de pouvoirs surnaturels (guérison, capacité à parler toutes les langues du monde, taille XXL, force décuplée, lévitation…). Certain.e.s décident de s’en servir pour faire le bien, quand d’autres totalement dérangées de base deviennent des furies incontrôlables. Entre l’establishment patriarcal et la police au taquet, les “Touched” se retrouvent bien vite marginalisés. La charismatique Amalia True (Laura Donnelly) et son binôme l’inventrice Penance Adair (Ann Skelly) prennent la tête de cette nouvelle communauté et la rassemblent dans un orphelinat, tout en essayant de canaliser les menaces qui rôdent.
Son potentiel cool. Habitué des super-héroïnes badass, Joss Whedon réitère la recette qui avait fait mouche dans les 90’s avec Buffy. Embourbé dans un scandale de harcèlement, le showrunner et réalisateur s’est cependant retiré du projet au profit de ses collaboratrices qui géreront la suite des événements… Malgré quelques arcs narratifs inutiles (comme celui du tenancier de club aristo joué par James Norton), The Nevers se révèle une série profondément féministe qui met en scène des X-Men en jupons cherchant leur place dans une société masculiniste qui les rejette. À part Laura Donnelly (Tolkien, The program de Stephen Frears) et Pip Torrens (Versailles, Des), la production a tout misé sur un casting de nouvelles têtes. On retiendra surtout la malicieuse Ann Skelly, aux faux airs de notre Frenchie Pauline Clément de la Comédie-Française.
The Nevers, dès le 12 avril sur OCS
et aussi
Le serpent
Si vous avez aimé… Mesrine, Narcos et autres biopics du grand banditisme.
Le pitch. Il était une fois un serial killer aussi mythique que terrifiant. Dandy charismatique installé en Asie dans les 70’s, Charles Sobhraj se fait passer avec sa compagne Marie-Andrée Leclerc pour un négociant en pierres précieuses... commettant sur chacun de leur passage sur le Hippie Trail à travers la Thaïlande, le Népal et l’Inde une série de crimes sur de jeunes voyageurs occidentaux. C’était sans compter sur la traque du diplomate néerlandais Herman Knippenberg, qui va tout faire pour traduire le couple démoniaque en justice.
Son potentiel cool. Coproduite par la BBC et Netflix, voici la série d’auteur anglaise exceptionnelle la plus attendue de l’année. Le résultat est un bijou, à commencer par le scénario d’orfèvre, Toby Finlay, exceptionnel screenwriter de Peaky Blinder et la photo époustouflante qui transporte dans l’univers hippie des seventies. la prestation extraordinaire Tahar Rahim (nommé au Bafa comme acteur de l’année) qui épouse avec une justesse démoniaque le personnage de tueur ambigu à côté de Jenna Coleman et Billy Howle, également remarquables.
Disponible sur Netflix le 2 avril
Hippocrate Saison 2
Si vous avez aimé… La saison 1 et le film, véritable Urgences à la française créé par Thomas Lilti, ex-médecin reconverti avec brio dans la fiction.
Le pitch. Previously : un hôpital privé de ses médecins titulaires tous confinés à l’hôtel après avoir été contaminés par un virus inconnu. Vous avez dit visionnaire ? Nous revoilà au cœur de l’hiver et d’une inondation à l'hôpital Poincaré. Soignants et malades doivent se replier dans le service de médecine interne où Chloé (qui vient d’être opérée), Alyson et Hugo se retrouvent face à des cas auxquels ils ne sont pas préparés.
Son potentiel cool. D’abord son casting qui envoie du gros gros lourd avec toujours Louise Bourgoin mais aussi l’arrivée de Géraldine Nakache aux côtés d’Alice Belaïdi ou Anne Consigny. Tourné en deux temps en plein covid pendant lequel il a dû enfiler sa blouse, Thomas Lilti ne dresse pas pas seulement le portrait de l’hôpital public et de ses dysfonctionnements. Bien plus qu’une excellente série, il livre ici un récit politique et réaliste. À voir absolument.
Fluide
Si vous avez aimé… La série phénomène Sex Education de Laurie Nunn sur Netflix.
Le pitch. Emma + Léo et Esther + Waël sont deux couples d’amis parisiens. Quand Emma, jeune pharmacienne, annonce à son mec illustrateur qu’elle est sexuellement attirée par une femme, c’est panique à bord ! Bien que fou amoureux, la jalousie de Léo l’amène à remettre tout son couple en question. Confidence pour confidence, la vie sexuelle de son pote Waël bat aussi de l’aile. Tous ensemble, ils vont explorer de nouveaux horizons en termes de désirs et d’expériences… jusqu’à céder à l’infidélité pendant que d’autres se lancent carrément dans des plans à plusieurs…
Son potentiel cool ? Cette série sincère et transparente dans la même lignée qu’Été, des mêmes réalisateurs Thomas Cadène et Joseph Safieddine, dresse le portrait du couple 2.0. Franchement drôle et remplie de questionnements, elle s’articule autour de la sexualité contemporaine, de la masculinité et ses tabous en 10 épisodes de 5 à 10 minutes. Un statement tellement moderne et cool que l’adaptation en bande-dessinée sera disponible en librairie dès le 2 avril… En prime : la fine fleur de la nouvelle génération d’acteurs français, dont le tandem Simon Thomas et Pauline Clément de la Comédie-Française (aperçue récemment dans le premier film d’Inès Reg) crève l’écran.
Déjà disponible sur Arte.tv.
It’s a sin
Si vous avez aimé… 120 battements par minutes ou encore The Normal Heart, film choc signé Ryan Murphy avec Julia Roberts sur les années sida.
Le pitch. Ritchie, Roscoe et Colin débarquent à Londres dans les années 80 pour commencer leur vie d'adulte et assumer enfin leur homosexualité dans une colloc’ déjantée. Sauf que le sida commence à frapper la communauté gay. Entre Ritchie qui se voyait déjà grand acteur, Roscoe qui doit fuir loin de sa famille conservatrice et Jill, l’amie loyale qui tente de défendre et sauver la vie de ses amis : leurs plans de vie sont totalement bouleversés.
Son potentiel cool ? Réalisée par le showrunner britannique Russell T. Davies, cette mini-série militante et boulversante, inspirée de sa propre histoire, confirme son statut d’historien du mouvement gay, 22 ans après Queer as folk, son précédent chef-d’œuvre qui décrivait déjà ces réalités. Véritable phénomène, It’s a sin parvient à toucher la jeune génération avec 6,5 millions de vues depuis sa diffusion aux États-Unis et des records de tests de dépistages du VIH dans les associations britanniques.
Déjà disponible sur MyCanal.
Le prix de la paix
Si vous avez aimé… Les sagas comme The Halcyon de Stephen Woolfenden ou Titanic qui mêlent dramas familiaux et fresques historiques.
Le pitch. Au cœur de la Suisse en 1945, Klara Tobler s’engage auprès de la Croix-Rouge pour aider les survivants polonais du camp de Buchenwald. Elle tombe rapidement sous le charme de l’un d’entre eux : Herschel, brun ténébreux et inébranlable optimiste. Oui mais voilà : Klara est déjà fiancée avec Johann Leutenegger, censé bientôt reprendre l’entreprise de beau-papa. Côté Leutenegger, le frère alcoolique de Johann se lance à corps perdu dans une enquête pour démasquer les nazis cachés en Suisse.
Son potentiel cool ? Réalisée par Petra Volpe, cette série post-war en 6 épisodes captivants joue la carte des mensonges, de la corruption et d’amour impossible. Dans ce drame historique et familial, on rappelle petit à petit que la Suisse n’est pas si innocente que ça... En témoigne l’élite, qui tente tant bien que mal de cacher ses petites magouilles internes pour maintenir la neutralité et l’image d’un pays censé jouer le peace and love.
Disponible le 25 mars et 1er avril à 20h55 et en intégralité du 18 au 30 avril sur Arte.tv.
Et aussi…
Little Birds
Soirées sulfureuses, robes à paillettes, dévergondage, fantasmes SM et trouple : voilà le cocktail détonnant de Little Birds, la nouvelle série avec Juno Temple disponible sur Starzplay dès le 14 février. À regarder en couple ou en solo pour faire grimper la température d’un simple plateau télé...
Si vous avez aimé… Les liaisons dangereuses, livre et film, ainsi que les nouvelles érotiques d’Anaïs Nin dont la série est directement inspirée.
Le pitch. Tanger, 1955. L’héritière new-yorkaise Lucy Savage débarque avec sa candeur et ses jolis cheveux blonds pour rejoindre son futur époux Hugo. Petit hic : ce dernier préfère les hommes, notamment la compagnie d’un bel aristocrate égyptien, et refuse toutes les avances de sa promise. Malgré tout, ce petit monde s’entend bien et se respecte, à tel point qu’ils commencent à fréquenter ensemble les orgies bohèmes du Maroc. Au cœur des convoitises, une prostituée dominatrice qui rend les hommes totalement fous et ne manque pas de faire naître un fantasme à notre nouvelle venue...
Son potentiel cool ? Réalisée par Stacie Passon (également derrière la caméra pour House of Cards), Little Birds ne manque pas de glamour et de paillettes. Dans le rôle principal, on découvre une Juno Temple (également au casting du dernier film avec Justin Timberlake) délicate à souhait en ingénue à déniaiser digne de la mythique Cécile Volanges de Laclos. Entre soirées mondaines animées par une Rossy de Palma totalement allumée, crises de jalousie et enjeux financiers, cette sympathique fable didactique revêt des airs d’éducation sentimentale et sexuelle et nous embarque dans un univers fantasmé profondément onirique, bel et bien digne d’Anaïs Nin.
Disponible le 14 février sur Starzplay
© FR_tmdb / Sky Atlantic
Et aussi....
Paris Police 1900
Si vous avez aimé… Les reconstitutions historiques brillantes du Bazar de la Charité et J’accuse de Roman Polanski sur l’affaire Dreyfus.
Le pitch. En 1899, Félix Faure vient de mourir dans des circonstances plus que ridicules. La République est totalement affaiblie par la montée de l’antisémitisme et du nationalisme en pleine affaire Dreyfus. Un jeune inspecteur de la crim’ (Jérémie Laheurte) voit en le meurtre sordide d’une inconnue le moyen de sortir du lot. C’était sans compter sur la corruption latente qui règne alors dans la police, aux balbutiements des grandes avancées scientifiques… En parallèle, des anarchistes planifient un coup d'État. Vous avez dit Belle Époque ?
Son potentiel cool ? Âmes sensibles, s’abstenir ! Les enquêtes policières, autopsies et réunions antisémites n’épargnent rien des propulsions de sang et de gros plans sur la chair de cadavres. Vous voilà prévenu.e.s. Ces considérations de côté, Fabien Nury (Guyane) sign avec Paris Police 1900 la série la plus dense et noire de ce début d’année, avec une documentation historique impressionnante et un casting efficace (mention spéciale à Hubert Delattre, droit dans son sale rôle d’antijuif ultraviolent, et Christian Hecq de la Comédie-Française en médecin légiste). Avec, en filigrane, les seuls choix proposés aux femmes dans cette authentique dictature masculine : être la mère ou la putain.
Dès le lundi 8 février à 21h sur Canal+ et sur myCanal
Libres !
© Magneto 2 Minutes ARTE France – 2020
Si vous avez aimé... L’amour a ses réseaux et autres séries d’animation militantes.
Le pitch. Adaptée de la B.D. Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, cette série écrite par Ovidie et Sophie-Marie Larrouy à partir des illustrations géniales de Diglee se décline en microformats de moins de 4 minutes, avec les voix de super guests comme Océan ou Lison Daniel (Les Caractères). Dix épisodes nécessaires qui décryptent avec humour et sans détour les injonctions encore imposées aux femmes. À commencer par les super-pouvoirs du sperme. Pourquoi le liquide mâle sur-valorisé ne demanderait qu’à être avalé avec délice quand la vue d’une tache de sang chez une femme provoque encore un ultime dégout ?
Son potentiel cool ? À la fois drôle, plein d’infos et super instructif, ce petit bijou pédagogique est à mettre entre les mains de toute la génération Z et offre une sacrée piqûre de rappel sociologique : de la sodomie imposée aux femmes (mais jamais à ses messieurs), du droit à faire l’amour même quand on a ses règles, sans oublier la question gazon : "Pourquoi 75 % des 18-25 ans optent pour une épilation du maillot intégrale ou semi intégrale” alors que cela fait horriblement mal ?
Disponible sur Arte.tv
Your Honor
© Skip Bolen/SHOWTIME
Si vous avez aimé… The Wire.
Le pitch. Le fils d’un juge intègre et respecté à La Nouvelle Orléans commet un délit de fuite après avoir écrasé le fils de la mafia... Michael Desiato (incarné par le fantastique Bryan Cranston de Breaking Bad) n’a d’autre choix que de renier tous ses principes et se retrouve embarqué dans le jeu de la corruption et des abus de pouvoir.
Son potentiel cool ? La nouvelle création du showrunner de Peter Moffat, inspirée de la série israélienne Kvodo, pose une question universelle : “Jusqu’où iriez-vous pour sauver vos enfants ?”. Ce polar d’atmosphère décortique à la fois les états d’âme d’un homme de justice déchiré entre son idéal humaniste et son amour pour son fils, tout en dressant un portrait social sombre et délicat de cette Amérique oubliée en Louisiane.
Disponible sur MyCanal
Dietland
© TWD productions LLC Courtesy of AMC
Si vous avez aimé… Girls, la série hautement féministe de Lena Dunham et I May Destroy You de et avec Michaela Coel sur la reconstruction d’une femme après un viol.
Le pitch. Ghostwriter pour un magazine féminin, Plum (Joy Nash) est de son propre aveu “grosse” et manque foncièrement de confiance en elle dans une société qui la marginalise et la force à perdre du poids. Réservée, elle se fait approcher par une sorte de milice terroriste digne d’une ligue armée de #metoo qui assassine froidement des criminels sexuels… mais pas que. Ou comment les victimes du patriarcat deviennent de véritables furies prêtes à tout pour éliminer les diktats imposés aux femmes.
Son potentiel cool ? La série n’a pas été reconduite pour une seconde saison, et c’est un peu dommage. L'accueil a d’ailleurs salué l’inventivité du récit et de sa réalisation avec des inserts d’illustrations notamment pour montrer les cauchemars incessants de Plum, et surtout, pour une fois, une histoire de grosse qui ne devient pas mince. Malgré un côté foutraque, Marti Noxon (Buffy contre les Vampires, Sharp Objects) au scénario parvient à rendre la saveur dark et révolutionnaire du roman de Sarai Walker. Julianna Margulies (Urgences, The Good Wife) s’avère délicieusement insupportable dans un rôle d’éditrice sans scrupule digne de Miranda Priestly.
Dès le dimanche 7 février à 20h55 sur Téva et en replay sur www.6play.fr
La Zona
© FR_tmdb
Si vous avez aimé... Chernobyl et l'atmosphère des polars scandinaves qui ont le vent en poupe.
Le pitch. Un accident nucléaire dans le nord de l’Espagne laisse une région dévastée isolée du reste du pays pour éviter toute contamination. 3 ans plus tard, au moment des commémorations, Héctor Uría, le chef de la police qui a perdu son fils dans la catastrophe, se retrouve en charge d’une enquête sur une série de meurtres. Ses investigations vont vite déranger les autorités.
Son potentiel cool ? Unanimement saluée par la critique espagnole, cette dystopie explore un drame familial et une affaire de corruption dans une univers apocalyptique et des paysages de chaos à la fois hyper esthétiques et stupéfiants. Bref : du real-complotisme qui change des chaînes d’info en boucle.
Disponible dès le 4 février sur Salto
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