Louis Garrel et Camille Cottin, le couple à l'affiche de Mon Légionnaire

Mon Legionnaire

Comment rester une femme brillante et indépendante lorsqu’on épouse un légionnaire ? C’est la question que pose la réalisatrice Rachel Lang, ex-lieutenant dans l’armée, dans son nouveau film Mon Légionnaire présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et qui questionne la place des femmes de soldats dans la Légion étrangère.

Un long-métrage exceptionnel et hyper réaliste, porté par Louis Garrel dans un rôle à contre-emploi.

Un pitch inspiré du passé militaire de la réalisatrice

En 2017, Rachel Lang passe plusieurs mois au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, laissant son compagnon derrière elle. 5 ans plus tard, devenue scénariste et réalisatrice (Baden Baden), elle réécrit l’histoire avec Mon Légionnaire.

Maxime (Louis Garrel) vient d’être nommé lieutenant de la Légion étrangère, basée en Corse, où le corps part en mission secrète. Pour suivre son mari, sa femme (Camille Cottin), avocate parisienne et leur jeune fils déménagent dans le périmètre de la base militaire. C’est là que Maxime prend le commandement d’un régiment qui part combattre au Mali. Restée à l’arrière, sa femme alterne entre gestion du foyer et business trips à Paris, et limite au maximum les contacts avec la base.

Après quatre mois de mission, les hommes rentrent, incapables de se glisser sans transition dans les chaussons de bon amant ou de gentil père de famille. En proie à la frustration, profondément touchés par la mort d’un de leur camarade, ils n’attendent qu’une chose : pouvoir y retourner. Le camp féminin, lassé d’attendre, peine à accepter leur destin cantonné au mode “sur pause”.

Les femmes, ces oubliées de la Légion

Concilier une vie amoureuse avec un engagement dans l’armée au 3e millénaire : c’est le pari que font toutes les femmes de légionnaires. Quitte à s’oublier tout court. La question du bonheur et de la liberté n’a pas lieu d’être dans un milieu écrasé par le machisme où le rôle des femmes consiste à être, au mieux, “une bonne épouse” façon potiche des années 50... On voit mieux pourquoi la Légion n’a pas vu d’un bon œil la sortie du film.

Pour la femme de Maxime incarnée par Camille Cottin, avocate hyperactive dont on ne connaît jamais le nom, c’est une torture d’ancien régime. Cette intellectuelle libre habituée à la vie parisienne ne supporte pas les usages quasi imposés par le “club des épouses”, où une femme de lieutenant se doit de rester en clan et donner l’exemple en s’impliquant dans les activités couture et poterie, organisées par des mères de famille catho tradi de la communauté.

L'adversité prend une tournure encore plus tragique pour la jeune Nika (Ina Marija Bartaite), fiancée à Vlad, sans enfant, qui ne parle pas un mot de français et ne comprend pas les codes de cette communauté quasi carcérale.

Louis Garrel en légionnaire, un rôle à contre-emploi

C’est un Louis Garrel métamorphosé, sec, musclé, cheveux courts, à la démarche cadencée et au jargon militaire maîtrisé que l’on découvre dans Mon Légionnaire, bien loin des rôles romantiques à la Rohmer qu’on lui connaît. Il a fallu travailler dur pour le sortir de l’image très germanopratine qui lui colle à la peau [et] qu’il ne marche plus comme un Parisien amoureux avec un livre dans sa poche", s’amuse Rachel Lang sur France Inter.

La réalisatrice, qui côtoie des miloufs depuis ses 18 ans, ambitionne de réaliser un super-documentaire de cet univers qui la fascine. Pour ce rôle à contre-emploi, Garrel, de la génération de ceux qui n’ont même pas fait de service militaire, va devoir trouver une légitimité pour incarner ce personnage sur-performant et droit dans ses bottes, qui ne laisse rien au hasard.

À voir en salle à partir du 6 octobre.

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