“Travailler avec des artistes [...] et photographes [...] avait quelque chose d’exaltant. On se sentait aidé, encouragé, au-delà de la réalité matérielle et ennuyeuse, qu’est la fabrication d’une robe à vendre”, dévoilait Elsa Schiaparelli dans ses mémoires en 1954. Shocking ! Les mondes surréalistes explore ce lien si étroit qu’entretenait la couturière romaine avec les artistes phares d’une époque ultimement glam’ : à la fois inspirée et inspirante, Elsa Schiaparelli brille dans la rétrospective qui lui est dédiée au MAD. Une exposition fleuve avec pas moins de 520 œuvres de collections, à ne louper sous aucun prétexte.
La femme Schiaparelli, une icône intello
©Archives Schiaparelli et Arts Décoratifs
Libérée, émancipée, farfelue, excentrique, audacieuse, provocatrice : autant d’adjectifs pour qualifier la couturière italienne, qui rompt avec brio les codes de la bienséance et du bon goût dans la période décomplexée des Années Folles.
Fille de, choyée dans un palazzo romain par un entourage intellectuel et mariée jeune “pour faire bien”, elle se lance dans la vie d’artiste après s’être débarrassée vite fait, bien fait du mari infidèle… Une chance dans un contexte pas vraiment propice à la libération de la femme. Muse de Paul Poiret, dont les robes tuniques orientalisantes sont à (re)voir dans le parcours, elle s’émancipe et s’affiche en mère spirituelle de Sonia Rykiel, notamment avec ses premiers sweaters (tops, sweats et plastrons en maille trompe-l’œil) qui marquent ses premiers succès en tant que grande couturière.
À voir : des pépites de vestiaire de diva un peu canaille, à la Diana Vreeland, dans un parcours on ne peut plus immersif grâce à la reconstitution à échelle 1 de la cage aux parfums et un collage des plus beaux croquis de ses collections : robes de grands soirs, manteaux à épaulettes, vestes de zazous, chapeau-chaussure... Mais aussi un mur à gants avec ses plus belles créations pour mains : courts en satin, en voilage, clinquants, longs en forme de manches gigots, brillants, à griffes…
L’art et la mode, le duel parfait
© Estate George Platt Lynes et Philadelphia Museum of Art
On ne peut dissocier Elsa Schiaparelli du surréalisme. Avant-gardiste et femme artiste, son travail se situe à la limite entre l’art et la mode, avec des créations révolutionnaires attestant du décloisonnement des courants artistiques de l’époque, à l’instar de ses consœurs Sonia Delaunay et Coco Chanel. Un phénomène évident aujourd’hui, mais totalement fou pour l’époque avec des expérimentations arty comme les chaussures et la veste tailleur coréalisée avec Dalí, sans oublier la cultissime robe homard et des clichés cultes par Man Ray.
Parmi les beautés à contempler : des tenues emblématiques aux inspi’ espagnoles, comme le boléro brodé de 1938, artistiques avec le manteau baiser au trait de Cocteau, sans compter les merveilles adaptées des Métamorphoses grecques, le faste versaillais ou la
commedia dell’arte. Des collections 100 % luxe avec des pièces whahouuu mettant à l’honneur l’artisanat et le savoir-faire de la maison Lesage.
Elsa et Daniel Roseberry, le grand bal
© Christophe Delliere et Maison Schiaparelli
Clap de fin à l’étage, où le parcours exalte un baroccoco à gogo : des tenues qui brillent de mille feux, pompons garnis de fils de soie, veste en jean pimpée d’ex-voto, passementerie, bijoux, broderies de lames d’or et sequins comme s’il en pleuvait. On ne loupe pas la veste brodée de paillettes d’or formant une chevelure d’Aphrodite, ou carrément le bustier en métal doré façon planète Saturne pour une silhouette à la princesse Leia.
Depuis 2019, Daniel Roseberry exauce les souhaits les plus dingues des fashionistas : une mode couture poussée à son paroxysme en ressuscitant le style weirdos de la maison. Le D.A. texan ranime des éléments signatures de la maison comme le rose shocking toujours plus vif, des drapés à ne plus en finir, des nœuds XL, des parures qui deviennent des armures pour une femme “Schiap” 2022 plus forte que jamais.
Jusqu’au 22 janvier 2023 au musée des Arts décoratifs, Billet 14 €, 10 € tarif réduit.
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