© Laura Dern dans “Smooth Talk” , Carlotta Films
Qu’on soit en pleine séance bronzette sur la plage, coincé·e dans les bouchons sur la route des vacances ou entassé·e dans le métro parisien (snif…), une chose est sûre : il vous faut LA bande-son pour accompagner chaque moment de votre été. Entre pépites fraîchement sorties et classiques indémodables, vibes jazzy et énergie britpop, nostalgie et nouveaux souvenirs, Do It vous a préparé la #summer playlist parfaite. En avant la musique !
Pour rythmer les soirées endiablées
L’album de l’été est sorti ce mois de janvier. Depuis ce début d’année, vous avez donc forcément déjà entendu l’intro du hit NUEVAYoL qui a envahi les feed instas. Cette intro, sample du morceau Un Verano en Nueva York de 1975 par El Gran Combo, annonce d’emblée l’ambiance du 5e album du portoricain Bad Bunny, DeBÍ TiRAR MáS FOToS. Hommage vibrant à son île natale de Porto Rico, l’artiste – plus streamé au monde et plus gros vendeur en 2022 – mêle sa pop/r’n’b urbaine à des cuivres puissants, des percussions omniprésentes et des sonorités qui lui sont chevillées au corps : dembow, reggaeton, boléro… Si l'ambiance y sonne insulaire, chaude et particulièrement dansante, l’album s’avère plus politique que jamais : Bad Bunny y célèbre une identité culturelle et signe un album coup de poing face à l'impérialisme américain qui sévit.
Nos morceaux coups de cœur : NUEVAYoL, forcément. Mais aussi BAILE INoLVIDABLE et son atmosphère définitivement insulaire, ses cuivres puissants et son solo de piano, ou La MuDANZA qui donne irrémédiablement envie de danser un coup.
DeBÍ TiRAR MáS FOToS, BAd Bunny 2025. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
En sirotant un cocktail bien frappé
Guitares hawaïennes, bruitages de canette que l’on décapsule en début de morceau (cf. le morceau éponyme de l’album), pochette au design exotique et ensoleillé : Green Juice, premier album du plus chill des duos parisiens, c’est THE bande-son pour supporter au mieux les étés caniculaires. Papooz distille ses influences pop seventies (type Beatles et Beach Boys) dans une bossa tropicale et électrifiée à la Arto Lindsay (à qui ils consacrent une reprise du morceau Simply Are). Le résultat : un album aux sonorités de vacances au soleil, une pop enthousiaste sans sombrer dans le bubble-gum, qu’on sirote volontiers pendant l’apéro ou lors d’une journée plage où les vaguelettes cherchent à venir caresser nos pieds.
Nos morceaux coups de cœur : Ann Wants to Dance, morceau qui lance la machine du groupe avant leur session Colors quelques années plus tard, la surf-pop rock de Good Times on Earth, ou l’ingénu Trampoline. On adore aussi Louise, qui raconte une jeune femme qui a un peu trop écouté David Bowie.
Green Juice - Papooz, 2016. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Quand il est temps de bouger son corps
Sortie surprise encore toute chaude de la semaine dernière, Don’t Tap The Glass de Tyler, The Creator, c’est THE album événement de cet été. Et pour cause ! Rappeur éclectique et particulièrement talentueux, il offre ici un neuvième album boosté en énergie et en sérotonine, invitation assumée à danser sans avoir peur d’être moqué et/ou filmé. Régressif et aux samples encore une fois bien dénichés, on y retrouve des touches de ses premiers projets (pour notre plus grand plaisir). S’il s’éloigne du profond et introspectif Chromokopia sorti il y a quelques mois à peine, on adore son côté plus léger qui nous fera garder le sourire toute cette saison. Volume à fond de rigueur !
Nos morceaux coups de cœur : le dansant et sexy Don’t You Worry Baby, le plus funky Ring Ring Ring et sa ligne de basse disco qui sample la basse d’Off The Wall de Michael Jackson, le plus R’n’B Sucka Free et le très “IGOR” (son album qui a raflé les prix en 2019) Sugar On My Tongue.
Don’t Tap The Glass - Tyler, the creator, 2025. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Pour s’isoler et se ressourcer
Si l’on est vert à l’idée d’avoir loupé le retour d’Oasis sur scène cet été, notre remède anti FOMO consiste à alimenter la dualité des deux plus grands groupes de la britpop et se refaire un album de Blur. Mais pas n’importe lequel ! C’est l’été, donc on se replonge dans The Great Escape, album concept qui traite du détachement et de la solitude. Parce qu’on a bien envie après des mois de travail et de gratte-ciels de se reposer loin de la foule, à la mer comme à la campagne, Blur signe ballades et tubes plus pêchus pour rythmer une isolation méritée. Idéal pour se rebooster un bon coup cet été.
Nos morceaux coups de cœur : bien que le leader (et nouvelle star des édits TikTok) Damon Albarn n’est plus aussi fier de cet album qu’à l’époque, nous, on adore toujours Country House qui nous fait rêver de vacances à la campagne, Charmless Man qui moque les monsieurs je-sais-tout que l’on croise trop souvent, ou encore Dan Abnormal, chanson acronyme et presque autobiographique du leader en mode anti-social.
The Great Escape - Blur, 1995. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Lors des sessions bronzette
Du Britannique Robert Palmer, vous connaissez peut-être déjà Every Kinda People, morceau culte des 70s à la basse aérienne et à l’ostinato appuyé par des steel drums caribéens. Cette tuerie de hit, revenue sur le devant de la scène en France grâce à une pub Heineken dans les années 80, cache derrière elle l’immaculé album Double Fun. Teintés d’un pop-rock que des touches funky épousent, les arrangements n’ont pas pris une ride et on discerne précisément chaque instrument. Si l’on n’ira peut-être pas jusqu'à retirer le maillot comme le suggère la brûlante pochette, on se le passera cependant volontiers au bord de la piscine.
Nos morceaux coups de cœur : autre que l’excellente et tropicale Every Kinda People, on adore Night People, faux Stevie Wonder à la guitare funky, la basse jazz fusion et aux cuivres puissants, mais aussi You Overwhelm Me pour son côté disco et ses cordes frottées virevoltantes. Mention spéciale pour cette reprise méga aguicheuse de You Really Got Me de The Kinks.
Double Fun - Robert Palmer, 1978. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Pour accompagner les chaudes nuits d’été
Sensuelle nouvelle idole qui cartonne sur les réseaux autant que dans l’industrie musicale des grands (dès les premiers EP et albums, elle collabore avec Snoop Dogg, Tyler, The Creator, Gorillaz et ouvre les concerts de Lana Del Rey), Kali Uchis a sorti en mai dernier son 5e album Sincerely. Suave, langoureuse, la Colombienne – qui n’est pas sans nous rappeler une Sade glamourisée de rose et de paillettes – pousse la réverbération sur cet opus brûlant aux allures de journal intime et de lettre d’amour pour son boyfriend Don Toliver et leur enfant (dont on perçoit le tendre rire à la fin du morceau ILYSMIH… trop chou). Une nouvelle fois, elle réussit à nous séduire et accompagnera nos nuits torrides d’été comme les séances de farniente au bord de l’eau.
Nos morceaux coups de cœur : l’angélique morceau d’ouverture Heaven is a Home…, All I Can Say et ses semblants de musiques oldies, le plus R’n’B/neo-soul Angels All Around Me et le déjà repris dans toutes les story insta Sugar! Honey! Love!, parfois proche d’un Lana Del Rey.
Sincerely - Kali Uchis, 2025. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Entre deux cours de surf
Les Beach Boys n’ont pas fait que surfer sur les tubes, ils les ont surtout créés. Si la perfection du groupe le plus beachy de la musique fut atteint sur le quasi-liturgique album Pet Sounds, le génie des garçons de la plage éclot dès leurs premiers albums, notamment sur le très bon Surfer Girl. Déjà adepte de la technique du double-tracking (technique d'enregistrement qui permet de doubler les voix pour rendre ici les harmonies plus puissantes et profondes), les Californiens naviguent entre compositions de génie et pop américaine bronzée, encore salée du dernier rouleau qu’elle vient de prendre. Cet été, c’est aussi l’occasion de faire le deuil de leur membre Brian Wilson, parti il y a peu de temps, et dont les mélodies aux airs de vacances dissimulent de réelles sophistications mélodiques.
Nos morceaux coups de cœur : on adore forcément le hit Little Deuce Coupe, mais on préfère encore plus la douce brise que nous souffle Your Summer Dream, et surtout la magnifique In My Room, dont les harmonies composées par Brian Wilson allaient jusqu'à fendre l’âme de son père pourtant tyrannique…
Surfer Girl des Beach Boys, 1963. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
À l’ombre d’un parasol, en terrasse
Personne ne croyait à un come-back d’Henri Salvador en 2000. Et pourtant ! À 80 ans passés, après plusieurs tentatives de retours sur scènes loupées et désormais armé d’une bonne brochette de compositeurs (entre autres, Keren Ann, Benjamin Biolay, Thomas Dutronc ou encore Art Mengo), le chantre français de la bossa nova revient en force avec Chambre avec Vue. L’album est un succès : il rafle les avis positifs de la presse, l’affection du public et même une Victoire de la Musique. Un album doudou et plébiscité, à la pop poétique et voyageuse, qui parle d’été et sent bon la Méditerranée. On s’émeut, on sourit, et on aimerait revoir Syracuse nous aussi, cette fois du haut d’un balcon avec vue sur la mer.
Nos morceaux coups de cœur : le balançant Jazz Méditerranée, le lyrique Jardin d’hiver qui saurait aisément tirer les larmes même aux moins sensibles, le romantique et solaire Il fait dimanche, mais aussi le très beau duo Le fou de la reine avec l’icône et regrettée Françoise Hardy.
Chambre avec vue - Henri Salvador, 2000. L’écouter sur Spotify, Deezer et Apple Music.
Lors d’une virée en décapotable
Avec déjà une (très) bonne place dans le paysage soul actuel, le groupe américain Durand Jones & The Indications a sorti fin juin son quatrième et radieux album Flowers. Parce que les nostalgiques ont épuisé leurs CD de Curtis Mayfield, d’Al Green ou leurs best-of de la Motown, mais aimeraient quand même encore pouvoir goûter à cet esprit retro soul bien cosy, le groupe mise sur des mélodies agréables (puisqu’un chouïa convenues), une production feutrée et groovy, mais surtout sur le duo vocal composé de la voix langoureuse de Durand Jones épousant à la perfection celle haut perchée quasi-féminine de leur batteur Aaron Frazer (excellent aussi en solo). Un bouquet de tubes hérités des grands classiques, sans pour autant les plagier, à écouter tout l’été les cheveux au vent et une paire de Ray Ban Aviator sur le nez.
Nos morceaux coups de cœur : l’éthéré Paradise où la voix d’Aaron Freezer résonne comme celle d’un ange, le très groovy Lovers Holiday suivi du sexy I Need The Answer, ou le plus classique Been So Long, qui nous rappelle les sonorités d’un certain Lenny Kravitz. Justement, le groupe assure la première partie de ce dernier sur sa tournée de 2025 : la classe.
Flowers - Durand Jones & the Indications, 2025. L’écouter sur Spotify, Deezer, ou Apple Music.
Pendant la douche post-plage
En 1998, elle pousse les portes du studio Electric Lady Studios (studio personnel de Jimi Hendrix) et bouleverse le paysage de la neo soul à tout jamais avec l'album Mama’s Gun. Enchanteresse aux allures de reine de Saba du R’n’B et de la soul, Erykah Badu ensorcèle avec ce disque jazzy et spirituel, qui mélange black poetry, messages engagés, mais aussi flâneries et romantisme incandescent. Entourée des plus grands (Roy Hargrove, Roy Ayers, Stephen Marley, Betty Wright…), les arrangements sont remarquables dans leur atmosphère chaleureuse, sensuelle et solaire. Le monument d’une musique afro-américaine qui apaise et donne l’impression d’une caresse, d’un rayon de soleil qui réchauffe par sa simple écoute. Deux nominations aux Grammys bien méritées !
Nos morceaux coups de cœur : le sexy Bag Lady, au riff mythique qu’on retrouve également dans le morceau Xxxplosive de Dr.Dre, l’hypnotique Didn’t Cha Know, le politique A.D. 2000, hommage poignant à Amadou Diallo, un immigrant guinéen de 22 ans abattu par quatre policiers en civil de la ville de New York, ou encore la très jazz Green Eyes.
Mama’s Gun - Erykah Badu, 2000. L’écouter sur Spotify, Deezer, ou Apple Music.
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