5 bons prix littéraires à dévorer

Prix Fémina, Goncourt, Wepler, Le Monde... Dur dur de choisir parmi la flopée de prix littéraires qui tombent chaque année. Alors, pour vous éviter de passer des heures à la librairie, votre dévouée Do It Team a fait le tri : Laurent Mauvignier et sa Maison Vide, Haute Folie d’Antoine Wauters, Les Éléments de John Boyne,... La séance de rattrapage des vrais bons prix littéraires, c’est par ici que ça se passe. 

 

Une Maison Vide

Le bon livre : La Maison Vide de Laurent Mauvignier, Prix Goncourt

Le pitch. On ouvre ce livre comme on pousserait la porte d'une maison inconnue, sur la pointe des pieds, le souffle court, avide de réponses. Une demeure impressionnante, des terres transmises comme un trésor : nous sommes au début du siècle dernier, au cœur de la Touraine.  Lorsque cette maison vide s'ouvre, c'est le silence qui est interrogé et puis tous ces objets abandonnés derrière soi près de vingt ans auparavant. Une médaille, un piano poussiéreux, une vieille commode et quelques photographies lacérées. 

"Fouillé - j'ai fouillé partout où j'étais pour ainsi dire sûr de retrouver les yeux fermés(...)" ainsi commence cette grande fresque familiale, par Marie Marguerite, arrière grand-mère de Laurent. C'est par elle qu'il fallait débuter pour rencontrer Jules, son mari, et Marguerite leur fille, forteresse de silence, déshonorée pendant l'occupation et dont le visage a été rayé sur les photos. Et puis c'est en fouillant ce passé qu'il comprend le poids des traumatismes, et du silence laissé comme seul héritage par une famille. 

Pourquoi vous allez adorer ? Il a fallu attendre près de cinq ans, après Histoire de la nuit et Continuer, pour que Laurent Mauvignier nous offre un chef-d'œuvre, un roman d'une intimité rare. Avec ce récit autobiographique, il remonte le cours chaotique de vies qui ont précédé la sienne, afin de mieux se comprendre, par le destin de femmes broyées par les conventions et d’hommes prisonniers d'une image de masculinité destructrice. Par des phrases qui semblent retenir leur souffle, s'étaler sur plusieurs pages presque sans le vouloir, l'auteur rend hommage aux femmes qui ont porté sa famille, à son père qui s'est donné la mort alors que Laurent n'avait que 16 ans et ainsi aide à réparer une peur de l'enfance, qui perdure malgré le passage du temps. 

 

Le kaléidoscope de destins ordinaires

Le bon livre : Les Éléments de John Boyne, Prix Femina Étranger

Le pitch. Les Éléments a été originellement publié au Royaume Uni sous forme de nouvelles. Eau. Vanessa, quinquagénaire qui s'installe sur une île irlandaise pour tenter d'oublier ce désastre qu'elle a laissé derrière elle et qu'elle n'est pas sûr de pouvoir se pardonner. Terre. Evan fuit son père et sa masculinité toxique, il a troqué son rêve de devenir peintre pour une carrière de footballeur à succès et se retrouve inculpé dans un procès. 

Feu. Freya est une chirurgienne spécialisée dans les grands brûlés, est en proie à des démons qui la hantent depuis de nombreuses années. Air. Aaron, psychologue pour enfants, et son fils de 14 ans s'envolent pour l'Irlande le temps d’un voyage initiatique qui, ils l'espèrent, les guérira. Désormais réuni en un volume, on devine sans peine le fil rouge qui se tisse entre le destin de ces personnages, les faisant entrer en résonance bien malgré eux.

Pourquoi vous allez adorer. Avec Les Éléments, John Boyne livre un kaléidoscope de récits de vie, une fresque magistrale d'épopées ordinaires. Il sonde les êtres humains avec ce qu'il faut d'empathie et d'honnêteté pour être au plus proche de la réalité : les quatre éléments comme métaphores de ce qui composent ces êtres et comme moyens d'introspection de ces âmes meurtries. Victime, bourreau, complice... Chacun prend la place qui lui est destinée et officie pour dénoncer des thématiques douloureuses : inceste, pédophilie, innocence perdue et enfance volée. Un livre d’une intensité rare qui nous touche en plein cœur. 

 

Une plongée au cœur de l’enfance 

Le bon livre : Haute Folie d’Antoine Wauters, Prix Jean Giono

Le pitch. Haute-Folie, c'est le nom de la ferme familiale : "Toute notre histoire tient dans son nom" nous prévient-on. Le jour où Josef vint au monde, la foudre s'abat sur un arbre, mettant le feu à la ferme de ses parents. Ce jour-là, Gaspard et Blanche ont tout perdu, précipitant la chute de la famille, laissant Josef orphelin. Recueilli par son oncle et sa tante, qui passent sous silence les tragédies passées, il devient un enfant tourmenté. 

Plus tard, devenu vagabond, il mène une vie solitaire, se mure dans le silence, meurtri par ce passé qui le ronge et dont il ignore pourtant tout, au point de ne pouvoir être heureux. À l'aube de ses 40 ans, Josef retourne à la Haute-Folie. Il veut savoir, il veut affronter son destin, connaître la vérité sur son enfance pour échapper au déterminisme tragique. Il souhaite se débarrasser du fardeau d'un secret de famille qui alourdit son existence pour que le silence ne gagne pas à la fin. 

Pourquoi vous allez adorer. On dévore les romans d'Antoine Wauters comme on dévorerait une tragédie antique. D'une plume percutante, toute en intensité, il livre un récit tout à la fois cruel et lumineux sur la Folie, ce pays des souffrances qui ne savent pas où habiter. Avec Haute-Folie, il explore la marginalité et les malédictions qui touchent les personnes restées trop longtemps dans le silence, les traumatismes que l'on se transmet. Son roman prend une forme tout à fait singulière, à l'orée de la poésie, un texte sensible entrecoupé par un narrateur dont on ignore l'identité. Que ce soit avec Mahmoud ou la montée des eaux, Le musée des contradictions ou encore Le plus court chemin, Antoine Wauters démontre un certain don pour défricher l'âme humaine et rendre lumineuse chaque partie de notre être. 

 

Un récit éprouvant sur les féminicides 

Le bon livre : La nuit au cœur de Nathacha Appanah, Prix Goncourt des lycéens, Prix Renaudot des lycéens et Femina.  

Le pitch. Trois femmes qui courent à quelques années d'intervalle les unes des autres et en trois lieux différents. Rien de commun a priori à part cette course effrénée et leur cœur qui bat à tout rompre. Trois destins de femmes qui se font écho dans ce qu'elles vivent de plus sombre. Toutes trois sont victimes des violences de leur compagnon. Leur quotidien cauchemardesque n'est qu'emprise, humiliation et manipulation. Sur ces trois femmes, une seule survivra. Emma décédera en 2000, Chahinez en 2021.

"De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d'avoir vingt cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd'hui. Cette femme, c'est moi." Nathacha Appanah se plonge donc dans leur quotidien, elle contacte les familles afin de mieux comprendre comment on en arrive à accepter l'inacceptable. L'auteure se lance dans une quête au cœur de la vie de ces deux victimes, pour leur rendre hommage, ne pas oublier mais surtout pour redonner vie et les extraire de cette image figée de victime de féminicide.

Pourquoi vous allez adorer. Avec ce qu'il faut de force, Nathacha Appanah dissèque l'énigme du féminicide conjugal. Avec La nuit au cœur, on glisse dans les ténèbres d'un récit éprouvant mais nécessaire, en ce qu'il nous remet face à une réalité devenue quasi anodine. Ce livre est évidemment fort en émotions, on passe de la tristesse à la colère et de la révolte à la peur en un tour de main. Si certaines scènes sont remarquables, d'autres nous laissent écœurés, mais tout est nécessaire puisqu'on en ressort grandi. 

 

 

La vie cachée de Milady 

Le bon livre : Je voulais vivre d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Prix Renaudot. 

Le pitch. Qui se cache vraiment derrière Milady de Winter, l’ennemie jurée des Trois Mousquetaires ? Qui était cette femme qui fut successivement Charlotte Backson, Anne de Breuil et Lady Clarick ? Chez Alexandre Dumas, elle était dépeinte comme une manipulatrice, traîtresse, empoisonneuse, prête à tout pour faire tomber les mousquetaires. L’ombre de Dumas s’estompe, laissant place à une femme pleine de failles et de blessures. 

On la rencontre, alors qu’elle échappe à une tentative de meurtre et est recueillie par un prêtre qui ne connaîtra d’elle que son nom : Anne. S’ensuit une adolescence faite de rebellions contre les didacts liés à son sexe et une trajectoire où l’instinct de survie prime sur la perversité dépeinte par l’écrivain. Milady est une héroïne moderne dont la quête de liberté n’a d’égal que sa résignation pour y arriver. 

Pourquoi vous allez adorer. Le dernier des nôtres, Les jours heureux ou encore Fourrure, Adélaïde de Clermont-Tonnerre a l’art et la manière de dépeindre des destins fabuleux de personnages haut en couleur. Avec Je voulais vivre, l’écrivaine ancre son récit au cœur du 19e siècle et offre une relecture subtile des Trois Mousquetaires. L’auteure nous plonge avec plaisir dans ce roman culte, nous fait revivre les aventures de d’Artagnan et de ses compagnons, le tout en redonnant ses lettres de noblesse à celle qui fut trop longtemps considérée comme un obstacle à leur gloire. Brillant ! 

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