Le premier roman de Mathilda Di Matteo ou celui de Ramses Kefi, le récit étonnant de John Boyne, À la table des loups, le roman choral d’Adam Rapp… Avec des centaines de livres sortis cette année et à quelque jours de Noël, dur dur de choisir lesquels glisser sous le sapin. La Do It Team a fait le tri pour ne vous proposer que les vrais coups de cœur de l’année. La sélection des meilleurs romans à offrir, c’est par ici que ça se passe.
Une femme part et le monde s’effondre

Le bon bouquin : Quatre jours sans ma mère de Ramses Kefi
Pour qui ? Pour toute maman en quête d’évasion, pour tous les enfants qui ont besoin de l’entendre.
Le pitch. Un mot, une courte phrase : "Je reviendrai". C'est tout ce que laisse Amani lorsqu'elle déserte le domicile familial. Qu'est-ce qui pousse une femme à partir, laissant derrière elle mari et fils ? C'est ce que cherche à comprendre Salmane lorsqu'il part sur les traces de cette mère qu'il croyait connaître. Salmane a 36 ans, il vit encore chez ses parents, travaille dans un fast food et use ses nuits à zoner sur un ancien parking de centre commercial avec ses copains. Lorsqu'Amani disparaît, il se prend la claque de sa vie et part illico à sa recherche : il fouille la Caverne, la cité HLM dans laquelle il a grandi.
Il ne va pas tarder à découvrir qu'il se cache, derrière toutes ses certitudes, des traditions, une famille et toute une histoire qu'il ignorait. Parce que ce départ auquel personne ne s'attendait a révélé des fractures familiales trop longtemps enfouies. Le père qui, derrière ce masque froid, cache des années de souffrance et de silence pudique. Amani qui, par ce geste, met en lumière les morceaux éparses de cette famille, prouve qu'elle n'est pas simplement un pilier silencieux de celle-ci dont elle porte, seule, le poids depuis trop d'années. Un roman d'une rare intensité, plein de drôlerie !
Pourquoi vous allez adorer. Avec Quatre jours sans ma mère, son premier roman, Ramses Kefi signe un conte contemporain d'une rare sensibilité. Il dessine, avec la Caverne, la fresque intime d'un quartier ouvrier qui devient un personnage à part entière. Il aborde l'absence, les secrets, les non dits, la lassitude mais aussi les liens familiaux, dressant le portrait de personnages touchants, profondément humains, avec toutes leurs maladresses et leurs contradictions. Une vraie déclaration d'amour aux mères qui portent seules le poids de leurs familles et à ceux qui ont le courage de fouiller dans le passé dans l'espoir de guérir le présent !
Le kaléidoscope d’épopées ordinaires

Le bon bouquin : Les Éléments de John Boyne
Pour qui ? Tous les adeptes de littérature américaine, de jolis récits de vie bourrés de courage.
Le pitch. Les Éléments a été originellement publié au Royaume Uni sous forme de nouvelles. Eau. Vanessa, quinquagénaire qui s'installe sur une île irlandaise pour tenter d'oublier ce désastre qu'elle a laissé derrière elle et qu'elle n'est pas sûr de pouvoir se pardonner. Terre. Evan fuit son père et sa masculinité toxique, il a troqué son rêve de devenir peintre pour une carrière de footballeur à succès et se retrouve inculpé dans un procès.
Feu. Freya, une chirurgienne spécialisée dans les grands brûlés, est en proie à des démons qui la hantent depuis de nombreuses années. Air. Aaron, psychologue pour enfants et son fils de 14 ans s'envolent pour l'Irlande le temps d’un voyage initiatique qui, ils l'espèrent, les guérira. Désormais réuni en un volume, on devine sans peine le fil rouge qui se tisse entre le destin de ces personnages, les faisant entrer en résonance bien malgré eux.
Pourquoi vous allez adorer. Avec Les Éléments, John Boyne livre un kaléidoscope de récits de vie, une fresque magistrale d'épopées ordinaires. Il sonde les êtres humains avec ce qu'il faut d'empathie et d'honnêteté pour être au plus proche de la réalité : les quatre éléments comme métaphores de ce qui composent ces êtres et comme moyens d'introspection de ces âmes meurtries. Victime, bourreau, complice... Chacun prend la place qui lui est destinée et officie pour dénoncer des thématiques douloureuses : inceste, pédophilie, innocence perdue et enfance volée. Un livre d’une intensité rare qui nous touche en plein cœur.
Une ode à Marseille et au lien Mère/Fille

Le bon bouquin : La bonne mère de Mathilda Di Matteo
Pour qui ? Tous les fans de Marseille et ceux qui se moquent de leur héritage culturel.
Le pitch. Véronique est une Marseillaise pure souche, aussi solaire que sa ville, aimant les paillettes, le monoï et passer son temps libre avec les copines. Son mari, un Napolitain au sang chaud, passe ses journées à écumer la ville à bord de son taxi. Leur fille unique, Clara, photographie la vie autour d’elle. Pure intello, elle rêve d’une vie parisienne au cœur de la sphère artistique.
Lorsqu’elle troque sa famille et Marseille pour Sciences Po et Paris, ses parents se retrouvent seuls et désœuvrés. Mais le coup de massue est véritablement porté lorsque leur chère fille ramène à la maison Raphaël, un pur produit de Saint-Germain-des-Prés, issu d’une famille bourgeoise catholique. Passé le choc des classes et des cultures, on en rigole, mais pas trop longtemps. Un récit vif, mordant et touchant !
Pourquoi vous allez adorer. Mathilda Di Matteo livre un premier roman qu’on devine en partie autobiographique et dresse ainsi un joli portrait de sa ville. Sous la comédie annoncée et la drôlerie des premières pages, l’auteure gratte le vernis des apparences et des clichés. D’une écriture vive et touchante, elle aborde le passage à l’âge adulte, les choix de vie mais aussi l’héritage culturel et toutes ces choses que l’on reproduit bien malgré soi. Le récit se raconte à deux voix : le point de vue de mère et fille s’alternent, nourrissant un texte fort sur les relations toxiques. À lire et à offrir !
Une fresque familiale au cœur des ténèbres

Le bon bouquin : À la table des loups de Adam Rapp
Pour qui ? Les amoureux de sagas familiales qui n’ont pas peur de plonger au cœur de l’âme humaine.
Le pitch. Nous sommes dans les années 50 dans une petite ville de l’État de New York. Attablée dans un diner du coin, Myra Lee lit L’Attrape-Cœurs. Elle est l'aînée d’une fratrie de 5 enfants. Ava, leur mère, est meurtrie par la perte de son dernier. Donald, de son côté, est un homme discret, marqué par la guerre et vivant dans un mutisme quasi total. Joan, la plus jeune des filles, est handicapée mentale et vit avec ses parents. Fiona, insoumise aux injonctions familiales, vit une vie de nomade aux crochets de tous.
Lexy, qui n’est que rarement évoquée, vit le rêve américain depuis sa banlieue chic de Chicago. Myra Lee est infirmière dans une prison. Elle élève seule son fils Ronan et panse les blessures de son entourage. Enfin, Alec est un jeune homme trouble, menteur, voleur, viré jeune de la maison familiale et qui bascule peu à peu dans la noirceur, le tout avec une folle satisfaction. Un tableau de vies, où se mêlent et se répondent les voix des cinq enfants.
Pourquoi vous allez adorer. À travers un roman choral d’une puissance rare, Adam Rapp nous plonge au cœur d’une saga familiale qui s’étale sur trois générations, offrant près de soixante ans d’histoire américaine. L’écrivain affiche une telle maîtrise de l’art de l’ellipse et de la suggestion qu’il ne laisse jamais faiblir la tension dramatique. Par les dynamiques d’une famille dysfonctionnelle cernée par la violence, et par le sombre destin de chacun de ses membres, il sonde le cœur noir de l’Amérique. À la manière de Joyce Carol Oates, Adam Rapp scrute les failles d’un pays en crise et explore les racines du mal. Un roman sombre qui marque à jamais son lecteur.
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