La passionnante expo Modigliani au musée de l’Orangerie

Expo Sam Szafran

Les esthètes fans du coup de pinceau de Modigliani sont en pâmoison. Le musée de l'Orangerie présente l’extraordinaire exposition “Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand”, concentrée sur les dernières années de vie d'Amedeo Modigliani de 1914 à 1920. La raison ? C’est à ce moment-là qu'il rencontre Paul Guillaume, un galeriste qui deviendra à la fois un grand ami et son marchand de prédilection. On a fait la visite.

 

Une amitié artistique

Chapeau melon, moustache et costume : voilà pour les attributs de Paul Guillaume immortalisés par Amedeo Modigliani sur chacun de ses portraits. Les deux amis se rencontrent en 1914 par l’intermédiaire du poète Max Jacob, et entament une relation professionnelle l’année suivante. Le mécène encourage le peintre d’origine italienne dans sa reconversion picturale après s’être consacré quasi-exclusivement à la sculpture. 

L’exposition dévoile l’important rôle de Paul Guillaume dans la carrière de Modigliani. Il lui loue un atelier en plein Montmartre - the place to be dans les années 1910 - et surtout le fait connaître dans les cercles artistiques et littéraires si prisés de la capitale. Stimulé par ses nouvelles relations, Modigliani produit une quantité importante de dessins et surtout plusieurs centaines de tableaux en seulement six ans. Paul Guillaume en collectionne des dizaines qui ornent les murs de son appartement/galerie

Clou du spectacle : le film projeté en fin d’expo présentant des archives et reconstitutions pour situer l’évolution de sa collection personnelle constituée également d’œuvres de Cézanne, Picasso ou encore Matisse et qui atteste de l’importance de cet homme de l’ombre inconnu du public.

 

L’art africain, portraits et tutti quanti

Les deux font la paire. Au début du XXe siècle, l’art africain n’a pas sa place dans les galeries parisiennes… sauf dans celle de l’avant-gardiste Paul Guillaume. Quant à lui, Modigliani est influencé par les têtes et masques observés au Louvre et au musée d’Ethnographie (actuel Musée de l’Homme). Cette passion commune mène le premier à exposer les sculptures de son ami, que l’on retrouve à l’Orangerie à côté de ses portraits également inspirés par l’art dit “primitif”. Chiche de trouver les sept différences entre la Tête de femme (1911-1913) et La fille rousse (1915) ?

 

Des poils pubiens sur un tableau ? So shocking !

Même si Amedeo Modigliani a un nouveau marchand d’art - Léopold Zborowski - à partir de 1916, Paul Guillaume continue d'acquérir et de vendre les tableaux de son artiste favori, même les plus provocateurs pour l’époque. Modigliani reprend alors sa production de nus féminins. Oui mais voilà : pour le public parisien des années 1910, voir des poils pubiens, c’est too much ! Ces portraits finissent par être retirés pour “cause d’indécence” dans la seule exposition personnelle dédiée à Modigliani de son vivant. En 2023 à l’Orangerie, on ne se lasse pas d’admirer le Nu couché (1917-1918) : un chef-d'œuvre qui mérite à lui seul le déplacement.

 

Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand du 20 septembre 2023 jusqu’au 15 janvier 2024 au Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Place de la Concorde (côté Seine), Paris 1er. Musée ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 9h à 18h. Billets à partir de 8 €. Infos et réservations en ligne.

© RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski

© RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / DR

Découvrez aussi les expos à ne pas rater cet automne et la série glam’ sur les supermodels

Autres suggestions

La semaine de Do It