Breaking news pour les Parisien·ne·s intellos en quête d’événements arty qui feront date. L’exposition Les Fantômes d’Orsay marque le premier show solo de Sophie Calle dans le musée culte qui accueille son exposition surprenante jusqu’au 12 juin.
Sophie Calle, une star française
On ne présente plus Sophie Calle, l’artiste phare de la galerie Perrotin, active depuis les années 70 et qui sublime comme personne l’art du ready-made et du langage dans la lignée des Dadas.
Popularisée en 1979 par sa performance Les dormeurs pour laquelle elle invitait des gens à venir dormir dans son lit, sa carrière artistique débute officiellement à la Biennale de Paris en 1981 où elle est repérée comme une jeune révélation. C’est ensuite son livre Suite vénitienne (1983) qui la démarque : le récit de sa poursuite d’un homme inconnu jusqu’à Venise, documenté par des textes, photos et objets qu’elle récolte à la façon d’une stalkeuse professionnelle.
L’art de squatter comme personne
C’est un aspect peu connu de la vie de Sophie Calle : l’artiste a déjà vécu dans le musée d’Orsay en 1978, plus précisément dans la chambre 501 de l’hôtel de la gare, alors que la gare d’Orsay est à l’abandon avant des années de travaux pour devenir l’institution que nous connaissons aujourd’hui, inaugurée en 1986.
Quand, en plein confinement, le musée d’Orsay propose à l’artiste de revenir pour un projet dans le musée de nouveau vide, elle saute sur l’occasion !
Ça donne une exposition en deux temps : on entre d’abord dans la première pièce, avec les archives historiques des années 70 avant de découvrir les travaux réalisés 41 ans plus tard dans la deuxième salle en enfilade.
Une artiste obsessionnelle
© ADAGP, Paris 2022 et © François Deladerrière
C’est certainement durant son séjour à l’Hôtel de la Gare que l’artiste a inventé sa méthode particulière consistant à collectionner les objets du quotidien qu’elle conserve telles des précieuses reliques, comme les cahiers d’écoliers remplis de détails de factures, qu’elle cumule par dizaines.
La singularité de son travail ? Les récits, à la base de sa création qui la rendent libre dans son processus et son inventivité artistique. Son appétit pour l’inconnu articule la recherche archéologique de Sophie Calle vers le passé. En véritable scientifiques, on suit les pas d’une enquête acharnée sur les vestiges et les clients passés par l’Hôtel de la Gare avant elle.
Parmi les œuvres exposées sont présentes également des photographies prises par Sophie, des vues épatantes de l’hôtel et de ses pièces en enfilade désaffectée où réside l’ambiance fastueuse d’une autre époque.
À la rencontre des fantômes d’Orsay
© Musée d’Orsay / Sophie Crépy
Véritables curiosités, les fantômes du musée sont les personnes et objets de l’hôtel pour lesquels elle se passionne et entretient un rapport limite obsessionnel, dont des ready-mades comme des clés, ciseaux et fourchettes provenant de l’hôtel de la gare d’Orsay qui sont magnifiés selon le regard de Sophie Calle.
La seconde salle de l’exposition présente les travaux réalisés lors de son deuxième passage à Orsay l’an dernier. Des tirages sombres pris pendant le confinement où elle met en lumière les tableaux qui “dorment” à Orsay selon elle, de Van Gogh à Manet.
On ne loupe pas : Oddo, la clé de l’expo, une œuvre caractéristique de l’artiste au nom de l’homme à tout faire de l’hôtel, où se superposent des notes désolantes provenant de clients. On peut lire : “Oddo, il ya encore des des ennuis avec les fuites” ou bien “Oddo, les WC près de la chambre 519 sont bouchés”. Une œuvre troublante où l’artiste joue l’espionne de manière très assumée.
Sophie Calle jusqu'au 12 juin au Musée d’Orsay. Ouvert du mardi au dimanche de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h45. Entrée 16 €, tarif réduit 13 €.
© Richard Baltauss, ADAGP, Paris 2022
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