Le clito : organe de plaisir ou symbole militant ?

Le livre Politique du clitoris de Delphine Gardey

Il ne dépasse pas dix centimètres mais continue à faire couler beaucoup d’encre. Tantôt malmené, tantôt méconnu, tantôt caché, le clitoris sort de nos culottes et devient à la mode: foisonnement de comptes Insta, sujet de livres et d’expo, affiches sur les murs et dessins sur les trottoirs… Sauf qu’avec un quart des filles de quinze ans qui ignorent encore son existence, la route est encore longue. Dans Politique du clitoris, l’historienne et sociologue Delphine Gardey nous décrypte cet organe éminemment politique. Suivez le guide.

Le grand inconnu

Si de tout temps, les femmes ne se sont certainement (et heureusement !) pas privées pour profiter de leur clitoris, cet organe dédié au plaisir a mis un sacré temps pour se frayer une place dans l’étude anatomique. Descriptions floues et incertaines en Grèce Antique puis au Moyen-Âge, le prétendue découverte du clitoris remonte à la fin du XVIème siècle grâce aux travaux des anatomistes de la Renaissance. Mais que tout le monde se calme, il redeviendra un grand inconnu durant le XVIIIe et XIXe siècle, le sexe féminin étant réduit à un rôle reproducteur.

Un organe qui dérange

Capuchon magique vs domination masculine. En découvrant cet organe uniquement dédié au plaisir, les hommes réalisent non seulement que les femmes ont quelque chose entre les jambes mais en plus qu’elle disposent à l’intérieur de ce qu’ils ont à l’extérieur. Ajoutez à cela une fonction érectile à cet organe et la coupe est pleine. Le modèle de représentation est ébranlé, la jouissance féminine devient trop submersive.

En réponse à cette menace, le patriarcat a savamment su organiser une répression symbolique et psychique. Pensez à la théorie freudienne qui affirme que le plaisir clitoridien n'appartient qu'à la femme-enfant ou pire, aux clitoridectomies appliquées sur les femmes considérées comme aliénées jusqu’aux années 1920.

Un symbole politique de reconquête

Le clitoris n’est pas qu’une affaire de plaisir, il est aussi politique. Pour Delphine Gardey :

«  Reconquérir une connaissance à propos des manières dont ont peut atteindre la jouissance, et reconnaître que l’orgasme peut être clitoridien, qu’il peut être sans pénétration, ou sans présence masculine, c’est reconquérir des marges de manœuvre importantes, pour soi, pour le groupe des femmes. »

Ouf ! Porté par la vague féministe, cet organe de l’insoumission sort enfin du bois. Symbole de la femme libre et bien dans son corps, le clitoris prôné empêche de définir le féminin par le manque, rien que ça ! Une leçon que l’éducation nationale n’a pas l’air de saisir puisque aujourd’hui, seul un manuel de SVT sur huit fait apparaître le clitoris sur les dessins d’anatomie… Free the clito !

Politique du clitoris, Delphine Gardey, Textuel, 15,90€

Découvrez également : 3 joujoux pour grimper aux rideaux

écrit par

Autres suggestions

La semaine de Do It