© Art Museums of Skagen
Saviez-vous que nous passons presque un tiers de nos vies à dormir ? Quand roupiller devient un art, le Musée Marmottan Monet s’en empare ! Jusqu’au 1er mars, l’exposition L’empire du sommeil célèbre la sieste autour de 125 œuvres signées des plus grands artistes internationaux. Forme de bonheur, synonyme de mort ou d’érotisme, porte du rêve ou du cauchemar, on vous promet une plongée dans l’intimité du plus silencieux des Hommes : celui qui dort…
Au centre de nos vies, mais pas des musées

© Trustees of the De Morgan Foundation - Gabinetto Fotografico delle Gallerie degli Uffizi
Au cœur de nos vies, le sommeil, thématique jusqu’à présent ignorée par les musées français, fait aujourd'hui l’objet, pour la première fois, d’une exposition qui lui est 100 % dédiée. Tantôt désiré par les couche-tard ayant trop festoyé, tantôt redouté par les insomniaques, cet état de semi-conscience ouvre le champ des possibles aux œuvres d’art, études scientifiques et métaphores en tous genres.
Parmi elles, on se souvient tous de ce cours de philo sur Freud et l’inconscient, véritable source d’inspiration pour les dissertations du bac. Si le sujet a toujours intrigué les chercheurs, les plus grands peintres l’utilisent quant à eux pour remplir leurs toiles de couleurs sombres ou formes abstraites. Il faut dire que l’Homme endormi représente un modèle idéal pour les artistes : silencieux et immobile. Il était donc grand temps de plonger en profondeur dans les mystères de la chambre à coucher, scène de l’intrigant et de l’effrayant.
Un sommeil en huit chapitres
À travers un corpus d'œuvres – peintures, sculptures ou même dessins – toutes créées entre 1800 et 1920, L’Empire du sommeil invite les visiteurs à explorer les changements de représentation de cet état mystérieux qu’est l’endormissement. Dès l’entrée dans la Rotonde – première pièce de l’exposition – une balade en huit chapitres se déploie, débutant par une vision positive du sommeil, d’abord associé à un état de bonheur pur et d’oubli des peines. La jeune fille toute de bleue vêtue de Michael Ancher, roupillant paisiblement sur son banc à l’heure de La sieste, illustre parfaitement ce que représente ce moment revigorant et d’arrêt du temps. Après un détour par les origines bibliques en observant Le Sommeil de Saint Pierre de Giuseppe Antonio Petrini, le visiteur navigue ensuite entre les différentes facettes du sujet : synonyme de rêve et d’érotisme ou bien de mort et de trouble, le sommeil interroge, intrigue et fascine. Preuve à l’appui : on n’a pas pu s’empêcher de tourner une dizaine de fois autour de la femme-sculpture La Pisana d’Arturo Martini, rêvant nue au beau milieu d’une salle, offrant un mélange parfait entre sensualité et calme.
Comment terminer une visite sur ce thème universel sans effectuer un détour par l’endroit où il prend corps ? Toute de jaune vêtue, la dernière pièce s’immisce dans la chambre et plus spécifiquement le lit, repaire de prédilection pour les adeptes du roupillon. On a adoré en apprendre plus sur cette pièce de la maison qu’on fréquente tant et l’évolution de ses connotations au fil du temps, passant d’un lieu pudique et voilé à un endroit d’abandon total et même de sensualité.
La surprise de la salle ? La chambre d’un collectionneur d’art romantique de Charles Matton, maquette d’une pièce à coucher en désordre devant laquelle on pourrait passer des heures à observer chaque détail miniature : de la paire de chaussons qui traîne au pied du lit à la fameuse chaise supportant les vêtements oubliés qu’on a tous la flemme de ranger…
L’empire du Sommeil - Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly, Paris 16e. Du 9 octobre au 1er mars. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Dernière entrée une heure avant la fermeture. Plein tarif à 14 €, tarif réduit à 9 € et gratuit pour les moins de 7 ans.
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