L’architecte Elisa Meliani nous chuchote ses conseils déco

Quand on passe d’une carrière de mannequin à celle d’architecte d’intérieur, on confesse forcément un certain goût pour les belles choses. C’est le cas d’Elisa Meliani, dont les quelques 123k followers sur Instagram raffolent de ses excursions chics, de ses looks incarnant à merveille la trend #QuietLuxury et de son élégance follement parisienne. Des couvertures de magazines aux gros chantiers, n’y aurait-il qu’un pas à franchir en mocassins Chanel ? Avec grâce et bonne humeur, la belle architecte reçoit désormais dans son EB Studio de la rue du Faubourg Saint-Honoré, vitrine personnelle de son goût pour les appartements élégants. Rencontre.

 

D'où vous vient cet attrait pour le beau ?

J'ai grandi avec un papa metteur en scène et une mère artiste peintre dans 20e à Paris, un quartier d’artistes ! D’ailleurs, tous les amis de mes parents en étaient. Et puis en commençant le mannequinat à 17 ans, j'ai pu beaucoup voyager et travailler avec d’autres artistes, des photographes, des maquilleurs qui m’ont forcément donné ce goût des belles choses. Concernant la déco, j'ai pu acheter très jeune mon premier appartement et le personnaliser à mon goût… qui était un peu kitsch à l’époque ! 

 

Où chinez-vous aujourd’hui ?

J’ai longtemps passé tous mes week-ends chez Emmaüs. Mes préférés sont ceux dans le 95 à Berne sur Oise et dans le 78 qui sont très grands, j’ai pu y trouver des pièces de folie. Comme je vis à moitié près de Deauville, je profite également beaucoup des ressourceries locales. Sinon, en ligne, je chine beaucoup sur leboncoin, sur eBay et sur Selency.

 

Dans quels cas privilégier la chine en ligne ou en boutique ?

Je privilégie les achats en ligne quand je cherche quelque chose de très précis, grâce aux filtres qui me permettent de gagner du temps. Les ressourceries, Emmaüs et compagnie me servent davantage pour trouver l’inspiration, flâner sans forcément avoir de but précis… et il est rare que je reparte les mains vides !

 

De mannequin, vous êtes donc devenue archi ! Racontez-nous.

Très jeune déjà, j’avais conscience que je ne pourrai pas faire du mannequinat toute ma vie. Il fallait que je pense à une reconversion. Le Covid a accéléré le mouvement puisque le secteur était en arrêt. Mon Plan B était tout trouvé : j’ai commencé à me former à ce que j'aime le plus : la déco. C’était limpide pour moi ! Je me suis inscrite dans la foulée à l’école parisienne MMI Déco, dans le 12e, où j’ai rencontré des gens en reconversion professionnelle venant de plein de milieux et d'âges différents, qui en avaient simplement marre de leur boulot rébarbatif et ont souhaité se lancer dans un projet qui leur plaisait vraiment. C’est là que j’ai appris tous les aspects techniques du métier. 

 

De là, vous avez lancé votre projet en Normandie ?

C’est la maison où je vis : un très gros projet de 400 m² que j’ai perçu comme une occasion de faire mon book en tant qu'architecte afin de montrer mon univers à mes clients. J’ai été sollicitée pour des projets divers et variés, mais je souhaite me faire un nom dans l’architecture du luxe en rénovant de beaux appartements et pourquoi pas des hôtels. Je suis d’ailleurs en ce moment sur le chantier du manoir de Saint-Hymer, dans un ancien pressoir du XVIIIe siècle. Je l’imagine plus tard accueillir des tournages, des shootings, des mariages ou encore des retraites de yoga par exemple. Dès que je découvre un lieu, je projette tout de suite à quoi il ressemblera bientôt. 

 

Vous êtes devenue une pro du moodboard ?

Je fais beaucoup, beaucoup de moodboards ! Cela me vient vraiment de mon expérience dans la mode, puisque les directeurs artistiques avançaient évidemment avec cette méthode. Je travaille pièce par pièce, avec tous mes échantillons de papier-peint, de revêtements muraux, de rideaux, de tissus… Je m’inspire sur Pinterest pour lequel j’avoue une véritable obsession. Je pense que je peux passer une soirée entière, de 18h jusqu'à une heure du matin, à bosser sur Pinterest. Je regarde aussi beaucoup de visites de maisons sur la chaîne Youtube de The Local Project.

 

Quels sont les architectes qui vous inspirent ?

Il y a beaucoup d'architectes que j'adore comme Hugo Toro, Joseph Dirand et Humbert & et Poyet dont j’admire le travail. Je trouve aussi Laura Gonzalez extraordinaire, dans un style totalement différent du mien ! J'étais fan d’elle à 20 ans, elle n'était pas très connue à l'époque. Elle passait de temps en temps sur une émission et avait réalisé une chambre bleue, que j’avais reproduite jusqu’à la couleur exacte de peinture chez Farrow & Ball !

 

Si vous deviez garder 3 objets dans votre déco ?

Mon lampadaire chéri signé Serge Mouille que j’ai mis un an et demi à avoir, mes appliques Entrelacs et mon tableau Jacques Nestlé que j’adore et qui apporte de la couleur à mon intérieur.

 

Quels sont pour vous les nouveaux codes du chic ?

Le bon goût, c'est totalement subjectif. Personnellement, je dirais qu’une déco épurée, s’amusant d’un mélange masculin féminin (avec des formes arrondies ou bien carrées, complémentaires comme le yin et le yang), s’impose comme la base d’un intérieur chic. Je trouve très élégant de contraster le noir avec des nudes et du blanc, sans trop abuser des couleurs. C’est ce qui fait pour moi la signature parisienne : j'aime quand le rendu est intemporel, car je sais que je pourrais me lasser avec une trop forte couleur. C’est le même principe que dans les galeries d’art : les murs blancs permettent de valoriser les livres, les tableaux, les photos...

 

3 conseils pour un intérieur sans faute de goût ?

Je dirais qu’il est d’abord nécessaire de désencombrer. Il faut que l’espace respire, éviter de trop charger et d’accumuler. Pour cela, je fais du tri à chaque saison et je donne tout à Emmaüs ou d’autres associations. Mais déjà, s’y mettre tous les six mois convient très bien pour commencer ! Ensuite, personnellement, j’évite à tout prix les fleurs séchées : ce sont des fleurs mortes, c’est très mauvais pour faire circuler les bonnes énergies dans un appartement. Enfin, je conseillerais de privilégier des tableaux et cadres vintage, voire d’investir dans de jeunes artistes présentés dans les galeries, plutôt que d’acheter des affiches réalisées en séries pour les grandes enseignes de déco. Je trouve qu’elles ne donnent pas d’âme à son intérieur, c’est important de personnaliser ses murs avec des pièces uniques. Par exemple, Agnès B. a ouvert sa Galerie du Jour avec des sculptures, peintures et photographies proposées à des prix plutôt abordables. 

 

Des astuces pour un intérieur chic à petit prix ? 

Je dirais des fleurs fraîches : un beau bouquet coloré fait toujours son petit effet. Aussi, on pense à agrémenter son intérieur : de jolis plaids, de beaux coussins, une grosse bougie, des lampes d’appoint, de beaux interrupteurs conféreront un effet chic et cosy, une bonne vibe à son salon. Enfin, même si l’on n'a pas forcément les moyens de s'offrir des meubles de bonne qualité, on part du principe que le luxe réside dans les détails en changeant les poignées d’une porte ou bien d’une commode, d’un dressing par exemple (il y en a des centaines au BHV !). Au fond, c’est un peu comme si on leur mettait un beau bijou !

Merci à Elisa Meliani pour son accueil. Retrouvez son interview vidéo This or That sur notre compte Instagram

© Damien Boisson-Berçu 

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