Les bons romans à dévorer au mois de mai

Le dernier roman d’aventure de Pete Fromm, une nouvelle traduction pour la Jane Austen du XXe siècle Dorothy Whipple, une saga familiale au cœur des années 80 signée Ann Napolitano, un roman gothique par la descendante de Stephen King, un Inventaires des rêves féminins pour l’auteure d’Americanah, l’histoire bouleversante d’une mère et de sa fille signée Peter Heller, ou encore un récit post-colonial au cœur de la côte australienne... Il y a de quoi occuper ses week-ends prolongés sous le soleil. Les pépites littéraires du moment, c’est par ici que ça se passe.

 

Une aventure dans l’Ouest canadien  

Le bon bouquin. Impératrice des airs de Pete Fromm

Le pitch. Midge et Flea ont grandi au cœur du Montana, élevées comme deux sœurs par leurs pères, Taz et Rudy, deux amis de longue date. Les paysages sauvages, les nuits à la belle étoile, les baignades dans le lac glacé… Dans cette famille atypique, leur enfance est heureuse. Seule ombre au tableau, l’absence de mères : celle de Midge est morte en couche, celle de Flea a déserté peu après sa naissance.

Lorsque Midge quitte le cocon familial pour poursuivre ses études, Flea se retrouve seule. En mal de repère, elle se questionne sur ses origines. Elle part en quête de sa mère dont elle ne sait rien et la retrouve non loin de là, au Canada. Alors qu’elle toque à la porte de sa cabane, Flea réalise qu’elle aborde un moment décisif de son existence : le passage à l’âge adulte.  

Pourquoi vous allez adorer ? Pete Fromm, à qui l’on doit notamment Indian Creek, récit autobiographique qui raconte son hiver en solitaire dans les Rocheuses, ou encore Lucy in the Sky, a le don pour camper de jolies histoires au cœur de la nature américaine. Comme Peter Heller, auteur de La Pommeraie et Le guide, on pourrait les caser dans la littérature de plein air, si tant est qu’il soit possible de les ranger dans une case. Avec L’Impératrice des airs, Pete Fromm dresse le portrait de personnages aussi émouvants qu’attachants et offre le récit éblouissant d’une quête de soi. 

 

Un roman délicat sur les métamorphoses de l’amour 

Le bon bouquin. Les bien-aimés de Ann Napolitano

Le pitch. Dès sa naissance, William Waters a manqué d’amour. Élevé par une famille négligente qui ne se remet pas de la perte de leur petite fille, son enfance, marquée par la tragédie, est solitaire. Alors qu’il entre à l’université de Chicago, il fait une rencontre qui changera à jamais le cours de sa vie, celle de Julia Padavano. Il est adopté illico presto par sa famille et ses trois sœurs : Sylvie, la lettrée, Cecelia, l'artiste et Emeline, la sensible. William connaît un bonheur nouveau dans ce cocon aimant et lumineux. 

Après leur mariage et la naissance de leur fille Alice, William est rattrapé par ses vieux démons et sa jeunesse malheureuse. Dépressif, il renonce à sa famille et quitte la ville. Au sein de la famille Padavano, cet abandon ne laisse personne indifférent, changeant à jamais sa dynamique. 

Pourquoi vous allez adorer ? Avec Les bien-aimés, Ann Napolitano offre un roman-monde sur l'amour et ses métamorphoses, sur la famille et ses conflits. Elle explore avec brio la maladie mentale et les traumatismes de l'enfance. Des liens qui se tissent et se brisent, un récit de sororité et d'amitié, de deuils et de rancune, de douceur et de douleurs : au cœur des 80’s américaines, l’auteur réinvente et modernise les Quatre filles du docteur March, livrant une saga familiale poignante et émouvante, dans laquelle chaque personnage est pétri de contradictions, de doutes et de failles. Une véritable ode à la force des liens du cœur ! 

 

Le récit d’une emprise psychologique

Le bon bouquin. Les Sœurs Field de Dorothy Whipple

Le pitch. Nous sommes en Angleterre au début du XXe siècle. Dans une demeure victorienne vivent trois sœurs : Lucy, la plus grande, Charlotte, un peu effacée, et Vera, l’égocentrique. Depuis le décès de leur mère à l'adolescence, l'aînée veille sur les deux plus jeunes. Au fil des années 1930, elles s'installent dans le mariage et chacune se consacre à son foyer. 

Depuis sa maison à la campagne, Lucy continue de veiller sur Vera et sur la timide Charlotte qui, malgré les avertissements répétés de ses sœurs, épouse un homme vaniteux, d’un sadisme sans nom. On s’attache, on s’indigne, on espère. Un hymne à la famille et à la puissance de la sororité ! 

Pourquoi vous allez adorer ? Le livre n’est certes pas récent, puisqu’il paraît en 1949, mais cette nouvelle édition / traduction vaut mille fois le détour ! Si Dawn Powell, à qui l’on doit Le café Julien ou encore L’île joyeuse, s’attaque à la société new-yorkaise, qu’elle dissèque et brocarde, Dorothy Whipple, quant à elle, s’attaque à la haute-société anglaise. Souvent décrite comme la Jane Austen du XXe siècle, elle aime décortiquer la nature humaine, livrant une analyse incroyable de justesse et de modernité. Sous une plume fine, drôle parfois, cruelle souvent, l'auteure donne chair à des personnages bouleversants de vérité et offre un véritable roman noir, une plongée dans l’enfer que peut devenir une famille et les processus de manipulation d'un mari toxique. Le tout résonne aussi fortement dans notre XXle siècle…  

 

 

Une ode à la vie entre femmes

Le bon bouquin : La Pommeraie de Peter Heller

Le pitch.Ce sont eux, ta famille. Des gens solides et justes, si ce n’est envers eux-mêmes. Incapables d’accepter le prodige de leur propre magie.” Frith a grandi avec sa mère Hayley dans une cabane au pied des montagnes du Vermont, où toutes deux survivent grâce à leur pommeraie. De cette enfance faite de moments simples, bercée par les poèmes, Frith ne conserve que des souvenirs heureux. 

Alors qu’elle est enceinte de son premier enfant, elle s’interroge sur son héritage et ce qu’elle transmettra à son tour. De sa mère traductrice, elle conserve l’amour des mots et un goût certain pour la poésie. De Rosie, leur plus fidèle amie, elle garde les plaisirs simples de la vie et puis la délicatesse des tapisseries. De l’absence de père, il ne reste que des souvenirs lointains, fruits de son imagination. Frith est sereine d’élever son enfant seule, comme sa mère avant elle. Ce sera une fille, elle le sent… 

Pourquoi vous allez adorer ? Peter Heller, écrivain de “plein air”, à qui l’on doit La constellation du chien ou Peindre, pêcher et laisser mourir, a l’art et la manière de camper un décor, une atmosphère. La limonade fraîche bu sous le porche, le silence soudain qui clôture une longue journée d’été, les plongeons dans la cascade de la carrière, et puis l’odeur des pulls en laine qui grattent, du Dr Pepper et des brioches tout juste sorties du four. Une histoire bouleversante de vie naturelle, de féminité, d’amitié, de transmission mère-fille et bien sûr de poésie ! Finalement, ce décor, on y est si bien qu’on ne veut plus le quitter. 

 

L’histoire d’un hôtel qui sait tout sur ses résidents

Le bon bouquin : L’hôtel de Daisy Johnson 

Le pitch. Lieu de mythes et de secrets, ce lieu a une aura très spéciale. Avant même la construction de l’hôtel, et alors qu’il n’était qu’une étendue de vide, une atmosphère étrange régnait. On y a noyé ce qu’on croyait être une sorcière, on a fait construire un hôtel néo-gothique sur sa terre maudite, on y a vu défiler bon nombre d’employés et autres directeurs, on y a hébergé des amis, des amants, des membres de la famille, on y a ri, pleuré, on y a parlé fort, on y a chuchoté, mais surtout on y a eu peur.

Il est plus vaste au-dedans qu’au-­dehors. N’allez pas dans la chambre 63. Les portes et les fenêtres changent parfois de place.” Ces nouvelles racontent l’hôtel, son histoire de vieille bâtisse devenue personnage emblématique pour ses visiteurs. On y découvre une fresque de personnages hors du commun. Ceux-là même qui continuent de hanter les lieux bien après la tragédie… le mystérieux incendie qui a tout ravagé. 

Pourquoi vous allez adorer ? Daisy Johnson est considérée par beaucoup comme la descendante de Stephen King. En digne héritière du maître du roman noir et de l’étrange, elle a le don pour manier les mots. En témoignent d’ores et déjà Sœurs et Tout ce qui nous submerge. Aux frontières du fantastique, de l’imaginaire et de la réalité, d’une écriture simple presque cinglante, elle raconte la peur, l’horreur et l’effroi. L’écrivaine fait dans l’économie de mots et c’est tant mieux, elle a ainsi tout le loisir de camper une ambiance qui nous imprègne et ne nous lâche plus, même le livre refermé. En nous invitant à séjourner dans cet hôtel, Daisy Johnson nous livre un petit chef-d’œuvre de littérature gothique.

 

Un récit personnelle sur la réalité des femmes

Le bon bouquin : L’inventaire des rêves de Chimamanda Ngozi Adichie 

Le pitch. “J’ai toujours rêvé d’être connue, telle que je suis vraiment, par un autre être humain.” Ainsi débute l’histoire de Chia, écrivaine voyageuse qui se plaît à inventorier ses conquêtes, l’une des protagonistes de notre histoire. Elle partage le récit avec trois autres femmes, sa cousine Omelogor, qui a fait carrière dans la finance, leur amie commune Zikora, avocate,  abandonnée par son compagnon quand elle lui apprend qu'elle est enceinte, et Kadiatou, fine cuisinière et tresseuse hors pair, réalise son rêve américain en devenant femme de chambre dans un hôtel de luxe

Leur point commun ? Venues d’Afrique de l’Ouest, elles ont toutes immigré aux États-Unis et ont toutes des rêves qu’elles comptent bien accomplir : l’une se refuse au mariage  pour vivre de sa plume, une autre veut un enfant quel qu’en soit le prix, ou encore combattre les injustices faites aux femmes. Alors que les rêves de Kadiatou s'effondrent suite à un incident au sein même de l’hôtel, faisant pleinement écho à l’affaire Strauss-Kahn, les destins des autres femmes viennent s’imbriquer, se coller, pour ne former qu’une seule et même voix qui interroge : les rêves des femmes seraient-ils plus difficiles à atteindre ?

Pourquoi vous allez adorer ? “Le but de l'art est d'observer notre monde et d'en être ému, puis de s'engager dans une série de tentatives pour le voir clairement, l'interpréter et le questionner.” écrit l’auteure dans sa préface. Avec L’inventaire des rêves, Chimamanda Ngozi Adichie, à qui l’on doit Americanah ou encore le texte Nous sommes tous des féministes, prouve une nouvelle fois son don pour raconter les femmes et le pouvoir de leur solidarité. D’une plume toujours fine et légère mais bien plus expansive et profonde, l’écrivaine livre un récit profondément personnel sur les désirs des femmes. Si ses héroïnes se plaisent à rêver d’amour, à papoter, à partager plats savoureux et plaisanteries, elles sont avant tout des femmes noires qui questionnent l’impact qu’a leur couleur de peau sur leur parcours, et sur le regard des autres.

 

 

Un récit au cœur des légendes Australiennes

Le bon bouquin : Les Sirènes d’Emilia Hart 

Le pitch. Australie, 2019. À la suite d’un incident des plus étranges, Lucy quitte précipitamment l’université pour aller se réfugier chez sa sœur Jess. Cette dernière vit depuis peu à Comber Bay, lieu de toutes les légendes depuis le naufrage de 1801. Mais lorsque Lucy arrive dans sa maison délabrée, perchée au sommet d’une falaise battue par les vents, elle ne trouve personne. Faute de pouvoir se reposer sur sa sœur, elle part à sa recherche. 

Afin de mieux fouiller le présent de Jess, Lucy plonge dans le passé de cette ville, l’histoire d’un naufrage tragique, les récits d’hommes disparus dans des circonstances mystérieuses et le destin d’un nourrisson découvert dans une grotte. Les pièces du puzzle s'emboîtent les unes après les autres, à la manière d’une enquête policière. Mais tout est bouleversé lorsque viennent s’y mêler les voix des femmes qui se sont échouées sur cette côte des centaines d’années auparavant. Elles chuchotent à Lucy l’histoire de deux sœurs, il y a deux siècles, dans un monde où les hommes étaient maîtres. 

Pourquoi vous allez adorer ? Emilia Hart n’en est pas à son coup d’essai. Avant Les Sirènes, il y a eu La Maison aux Sortilèges, qui contait les destins entremêlés de femmes extraordinaires séparées par plusieurs siècles. Adepte du réalisme magique, l’écrivaine a créé un univers reconnaissable parmi tous, elle mêle les mythes et légendes populaires, se réfère à des événements historiques, intègre juste ce qu’il faut d’étrange et dresse le portrait de femmes hors du commun. Ce récit à double chronologie, mêlant folklore et légende, nous plonge dans l'histoire tragique de certains des premiers colons d'Australie, des femmes exilées et transportées en Nouvelle Galles du Sud pour être utilisées comme des biens humains. De cette ambiance sombre et envoûtante, on ne ressort pas indemne. 



Découvrez aussi les spectacles à voir ce mois d'avril et des grands luxes gourmands pour moins de 40 € 

écrit par

Autres suggestions

La semaine de Do It

Inscrivez-vous à notre newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter