Apocalypse Mode : le docu choc sur les travers du luxe

Le documentaire Apocalypse mode disponible sur arte

Un monde sépare les défenseurs d’une mode bienveillante… et ceux qui n’en ont – pour l’instant – rien à fiche, plus intéressés par le profit facile et peu concernés par la visibilité des minorités.

Cette frontière latente est le thème d’Apocalypse Mode, le documentaire fourni et passionant d’Olivier Nicklaus, le monsieur mode star d’Arte, déjà disponible sur arte.tv.

Good cop / bad cop

Il y a les bons élèves et précurseurs green dont Agnès B., Stella McCartney, Vivienne Westwood et désormais la queen de l’upcycling Marine Serre (tiens, tiens : que des femmes ! ). Puis il y a les autres : adeptes d’appropriation culturelle (Louis Vuitton, Dior…), habitués à brûler leurs invendus (Burberry) et/ou affichant un catwalk foulé par des mannequins blancs de blancs (Dolce & Gabbana).

Appuyé par les témoignages parlants d’une spécialiste du New York Times, de la porte-parole d’Extinction Rebellion, d’un philosophe ou du journaliste mode Pierre-Alexandre M’Pelé, Olivier Nicklaus soulève une question : pourquoi la mode met-elle autant de temps à réagir face à l’inévitable besoin d’une reconstruction de son secteur ?

Greenwashing et déculpabilisation

Un peu forcés par le goût de l’époque, Gucci, Chanel et Versace ont à leur tour arrêté l’usage de la fourrure animale. Mais quid de l’aspect ultra-polluant de la version synthétique, dont la fabrication émet des micro plastiques dérivés de la pétrochimie ? Où commence le greenwashing ? Doit-on se méfier des jolis discours ?

Par ailleurs, si Naomi Campbell parle de “minorités invisibilisées”, des créateurs noirs commencent à sortir du lot avec l’avènement des très engagés Kerby Jean-Raymond (Pyer Moss), Kenneth Ize ou le prix LVMH Thebe Magugu. Quant à lui, Bernard Arnault a laissé les manettes de Vuitton Homme à Virgil Abloh. Or, le D.A. jouissait déjà d’une aura tellement cool qu’on pourrait parler de simple opportunisme…

Mais après d’énormes bad buzzs chez Gucci, Prada ou Dolce & Gabbana – on se souvient de l’incident diplomatique après la campagne montrant une Chinoise en difficulté pour manger ses spaghetti avec des baguettes – et la révolution post-George Floyd, les plus grandes maisons ont toutes créé des postes de consultants pour la diversité et l’inclusion. Le but ? Éviter le scandale à tout prix. Mais pour la symbolique, on repassera chez Chanel… qui a recruté une femme blanche pour le job.

Genres et convictions

Si la mode mérite le bonnet d’âne de l’inclusion et de l’écoresponsabilité, les questions de genre ne l’effraient pas. La transidentité y voit sa terre promise : la notion de gender fluid s’impose aujourd’hui comme une tendance, voire un créneau marketing “que Nicolas Ghesquières revendique”.

À l’image de tant de nouveaux labels qui prônent l’unisexe, ou encore de Gucci qui fait désormais défiler homme et femmes ensemble, quand d’autres comme Maria Grazia Chiuri (Dior) défendent un féminisme affirmé dans la foulée du mouvement #metoo.

Le documentaire Apocalypse mode sur arte

Apocalypse Mode, disponible sur arte.tv.

Découvrez aussi le documentaire qui va vous faire zapper Zara et le livre dont tout le monde parle sur la fast fashion.

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