Giulia Foïs : la nouvelle Virginie Despentes

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Journaliste, féministe de la première heure et du genre à foncer dans le tas pour réveiller les foules, Giulia Foïs jette un nouveau pavé dans la mare avec Je suis une sur deux, un cri de colère face à une société encore imprégnée par la culture du viol. Pourquoi cette digne héritière de Virginie Despentes est à suivre de près ?

Une pionnière française de #Metoo

Pour Giulia Foïs, pas besoin de la notoriété de sa grande sœur Marina pour se faire entendre. Octobre 2017. Alors que le mouvement #MeToo gronde de l’autre côté de l’Atlantique, la journaliste tweete “Un red chef, grande radio, petit couloir, m’attrapant par la gorge, ‘un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non’. #balancetonporc”.

Le tweet devient viral et fait des milliers de petits, la version française du hashtag #MeToo est lancée. Mais le combat ne fait que commencer puisqu’en bonne féministe (ou en femme tout court qui ose prendre la parole), Giulia Foïs n’échappera pas aux centaines d’insultes, au “vomi” et aux accusations de mensonge…

Une voix qui débouche les oreilles

Après avoir animé en 2014 Point G comme Giulia, une quotidienne sur la station Mouv’, puis Babel-sur-Seine sur France Inter, c’est justement pour parler du monde post #MeToo que la journaliste prend le micro toutes les semaines dans son émission Pas son genre sur France Inter. La ligne directrice de l’émission ? Sauter dans les flaques et déboucher les oreilles en explorant tous les recoins du genre et de la sexualité, des poils au sexisme dans la justice en passant par les thérapies de conversion ou le sexe chez les seniors.

Avec sa voix puissante, son humour féroce, son écriture bossée à la virgule près et ses invités de haute volée, on se délecte d’avoir dans les oreilles une émission maligne capable de nous rendre plus lisible une société criblée d’injonctions.

Pas son genre sur France Inter, le vendredi de 20h à 21h

Disponible sur les plateformes de podcast

Une Virginie Despentes 2.0

Couverture du livre Je suis une sur deux de Giulia Foïs

Parce qu’aujourd’hui, une femme subit un viol toutes les sept minutes en France, parce que moins de 2 % des viols s’ensuivent sur une condamnation, la journaliste continue de tirer les sonnettes d’alarme en racontant l’importance qu’a eue la parole dans sa propre reconstruction.

Quatorze ans après King Kong théorie de Virginie Despentes, Giulia Foïs raconte à son tour son histoire et les conséquences de son viol, transforme sa douleur en colère et sa rage en combat pour redonner un puissant coup de pied dans la fourmilière. Et refuser la chape de plomb qui étouffe encore les femmes. Merci.

Je suis une sur deux, Giulia Foïs, Flammarion, 192 pages, 16 €

 

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