La nouvelle expo choc du Palais de Tokyo

Exposees Palais De Tokyo

C’est un pari fou que s'est lancé le Palais de Tokyo. Le but de sa nouvelle exposition Exposé·e·s? Visibiliser les personnes atteintes du VIH et par la même occasion signaler la présence toujours accrue du virus… grâce à l’art. Âmes sensibles s’abstenir ! Toutefois, on ne saurait que trop vous recommander cet événement arty de santé publique, à visiter absolument.

 

Un tour de force engagé

À deux pas de la vue magnifique qu’offre le Trocadéro sur la Tour Eiffel, le Palais de Tokyo revient cette saison avec une exposition ébranlante sur le VIH. L’épidémie la plus meurtrière de ce dernier siècle tue aujourd’hui encore plusieurs milliers de personnes par an (650 000 en 2021 dans le monde). Cependant, aveuglées par les progrès de la médecine, les jeunes générations n’ont plus conscience du danger que représente toujours le virus.

C’est en s’inspirant du livre Ce que le sida m’a fait, Art et activisme du XXe siècle d’Elisabeth Lebovici et en invitant des artistes reconnus (yann beauvais, Zoe Leonard, Henrik Olesen…) et des collectifs (fierce pussy, Bambanani Women’s Group…) que le Palais de Tokyo réussit ce tour de force incroyable : proposer une exposition d’une sensibilité folle sur un sujet particulièrement épineux.

 

les bienfaits thérapeutiques de l’art

En passant au-delà de l’activisme politique, l’exposition présente surtout les fonctions médicinales de l’art à travers les œuvres de personnes infectées et en explorant le regard d’artistes queer sur la maladie.

Après être passé·e par l’installation de Lili Reynaud-Dewar, impossible à rater (on vous laisse découvrir pourquoi !), on arrive devant le travail thérapeutique d'un groupe de femmes à Cape Town qui peignent leurs contours et réfléchissent par là sur le rapport à leur corps. Difficile de ne pas faire un lien avec les collages de l’artiste peintre Pascal Lièvre, réalisés en amitié pour des patient·e·s atteint·e·s par le VIH.

L’exposition propose aussi de nombreux documentaires d’artistes porteurs du VIH (comme Donald Rodney dans “These song on Pain, Times and Light) ou sur le travail d’associations LGBT. Les œuvres de Michel Journiac (dont 150 poèmes mis dans du sang, 1983), cadres sensibles où se superposent des poèmes sur un fond de sang et d’or, restent particulièrement marquantes : un travail sublime à voir absolument.

Poétique, polysensorielle et engagée, Exposé·e·s a de quoi émouvoir, mais le message général reste sensible et nous happe du début jusqu'à la fin.

Après la visite, on fait un détour par l’expo de Miriam Cahn, “Ma pensée sérielle”, sans oublier de s’accorder une pause sucrée au Bambini, la cantina italienne collée au musée pour finir la journée sur une note dolce vita.

“Exposées” au Palais de Tokyo du 17 février au 14 mai. Ouvert de 12h à 22h les lundis, mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches.12 € en plein tarif et 9 € en tarif réduit.

© Aurélien Mole

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