Une comédie géniale avec Catherine Frot et Michel Fau

Lorsque Enfant Parait

On se rappelle de leur partition délirante dans Fleur de Cactus, il y a cinq ans. Michel Fau exhume Lorsque l’enfant paraît, une pièce de boulevard oubliée de 1951 signée André Roussin et retrouve la merveilleuse Catherine Frot le temps d’une comédie totalement barrée au Théâtre de la Michodière. Les retrouvailles de ces deux bêtes de scène ne déçoivent pas. Bien au contraire : on se régale !

Une bombe à retardement

Quand le rideau s'ouvre sur le décor flamboyant d’un salon bourgeois, Olympe Jacquet semble au plus mal : Ah ma pauvre petite, quelle nouvelle ! Jamais je ne me serais attendue à un coup pareil ! Un enfant ! Et bien, quand ton père va apprendre ça ! Et comment le lui apprendre… Enfin, te rends tu compte ma petite, c’est une catastrophe. Mais tu as l’air de prendre ça légèrement.

Le hic, c’est que ce n’est pas sa fille Annie qui est enceinte… Le ton est donné grâce au génie comique de Catherine Frot qui annonce un réjouissant jeu de massacre face à une Agathe Bonitzer désinvolte. Et ce n’est qu’un début… Quand son mari, sénateur et sous-secrétaire d'État à la famille, entre en scène, il n’est pas peu fier d’avoir fait voter la fermeture des maisons closes et obtenu l'augmentation des peines sur les délits d'avortement ! Michel Fau, qui joue tout en retenue et délicatesse, ne sait pas encore ce qui se trame dans sa maison…

Des enfants comme s’il en pleuvait…

S’il n’y avait que madame, corsetée dans ses bonnes manières de sainte-nitouche, qui attendait un enfant ! Le doux rêveur Georges, lunaire Quentin  Dolmaire - révélé dans la série Ovni(s) - apprend à son tour à son  paternel conservateur qu’il entretient une relation avec Natacha, qui n’est autre que la secrétaire de monsieur. Les tourtereaux veulent se marier, car ils attendent un heureux événement. Et quand Annie tombe dans les pommes, il ne faut pas plus de deux secondes à son père pour comprendre qu’elle aussi, fiancée à un très bon parti, a aussi fauté avant le mariage.

Même la bonne s’est faite engrosser et doit quitter ses patrons… Plus rien ne va plus. Michel Fau nous fait redécouvrir un maître oublié du boulevard des années 1950, André Roussin, qui épingle avec style la bourgeoisie parisienne d’après-guerre complètement dépassée par l’évolution des mœurs. Les enfants Jacquet, quant à eux, ont déjà changé d’époque et les décors qui se rétrécissent au fil du spectacle ne tendent qu’à montrer l'impasse de cette bourgeoisie caricaturale et totalement paumée. Grisant.

Jusqu’au 31 décembre, de 20 à 69 €.

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